Ce jeudi 1er Septembre, l’avocat de Dilma Roussef et son ancien ministre de la justice Eduardo Cardozo, a interjeté appel auprès de la Cour Suprême du Brésil pour contester le procès en destitution de sa cliente et obtenir «la suspension immédiate des effets de la décision du Sénat qui a condamné pour crime de responsabilité la présidente de la République» ainsi que la tenue d’un nouveau procès et le retour de Michel Temer au poste de Président par intérim.
C’est donc sans surprise que ce mercredi, une majorité de plus des deux tiers des sénateurs a voté en faveur de la destitution pour «maquillage des comptes publics» de Dilma Roussef, première femme à avoir été élue à la présidence du Brésil en 2010 puis reconduite en 2014.
Il est à noter, toutefois, que l’ancienne Présidente qui n’a pas perdu ses droits civiques peut toujours être candidate au nom de sa formation politique le Parti des Travailleurs et exercer une fonction publique.
Michel Temer, pressé de devenir Chef d’Etat et de se débarrasser, au plus vite, de l’étiquette de «Chef d’Etat par intérim», a déclaré au cours de la première réunion de son cabinet retransmise par la télévision nationale : «Aujourd’hui nous inaugurons une nouvelle ère de deux ans et quatre mois et il faudra en sortir sous les applaudissements des Brésiliens. Cela va être difficile» puis a pris l’avion dans la soirée en direction de Shangai puis Hangzhou où il représentera le Brésil au sommet du G20 prévu les 4 et 5 Septembre.
Son attaché de presse a même annoncé qu’il tiendra des réunions bilatérales avec certains chefs d’Etat et de gouvernement dont Mariano Rajoy pour l’Espagne ou encore Matteo Renzi pour l’Italie.
Mais l’accession de Michel Temer à la magistrature suprême n’est pas une sinécure car il doit réussir là où Dilma Rousseff a échoué alors qu’il hérite d’un pays sur-endetté et «plombé» par la récession, le chômage et l’inflation et qu’il ne devra pas être, par ailleurs, épinglé par la célèbre enquête «Lava jato» (lavage express) qui a révélé un immense système de pots-de-vins où sont impliqués le Groupe Pétrolier Petrobas, des géants du secteur du BTP ainsi que des hommes politiques de tous bords ; ce qui l’avait déjà obligé à se séparer de trois ministres de son gouvernement intérimaire.
Enfin, cible expiatoire de tous ces maux du pays que sont la crise économique, la paralysie politique, la récession et le chômage, Dilma Rousseff qui ne s’avoue toujours pas vaincue malgré l’implication de son parti dans le scandale de corruption dévoilé par l’enquête précitée se considère innocente des charges qui pèsent contre elle, dénonce «un coup d’Etat parlementaire» et «une décision qui entre dans l’histoire des grandes injustices» et lance à l’adresse des sénateurs «Nous reviendrons».
Nabil Bousaadi