Le financement de la mutation durable des territoires, en particulier en Afrique, est une priorité stratégique de la COP22. Ainsi, Marrakech a organisé, le 14 novembre 2016, le Sommet des Elus Locaux et Régionaux pour la concrétisation de l’agenda de l’action, consolider les convergences et les alliances et développer les partenariats nécessaires en vue d’accélérer l’action locale en faveur du climat.
L’Accord de Paris a reconnu, pendant la COP21, le rôle crucial que jouent les villes et les territoires contre le changement climatique. En effet, on estime que 75% des émissions de gaz à effet de serre et 80% de la consommation énergétique sont attribués aux territoires urbains. Et pourtant, aujourd’hui encore, les décisions prises en termes de planification et de financement des infrastructures des territoires ne sont pas suffisantes pour permettre aux acteurs locaux et régionaux d’aménager leurs territoires pour assurer une transition énergétique. Pourtant, l’enjeu est de taille ! Dans les 15 prochaines années, au moins 93 milliards de dollars devront être investis dans des infrastructures et services de base à basse émission de gaz à effet de serre et résilientes, dont plus de 70% dans les territoires urbains à un rythme d’environ 4,5 à 5,4 milliards de dollars par an. Au regard de l’importance de cette demande, la compréhension des flux issus de la Finance Climat révèle aujourd’hui toute sa pertinence.
Faisant suite au Sommet des Elus locaux pour le climat de Paris en 2015, le sommet de Marrakech se penche, ainsi, sur la «Finance Climat au service des Territoires». Cet évènement rassemble, ainsi, les différents secteurs et parties prenantes de la chaîne de financement afin de nouer des coopérations pour une plus grande considération de l’investissement à l’échelle locale et régionale. «A travers ce sommet, je lance un appel à tous les maires et à tous les leaders des communes territoriales de se mobiliser pour relever le défi du financement des villes durables» déclare Driss El Yazami qui a prononcé le discours de Salaheddine Mezouar, président de la COP22.
«Notre participation à la COP22 et au Sommet des Elus est une occasion unique de maintenir la mobilisation des villes en faveur du climat amorcée à la COP21 l’an dernier, de poursuivre le partage d’expériences entre villes et de présenter les engagements et les accomplissements de notre administration face aux changements climatiques», souligne David Heurtel, Ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Et de poursuivre : «Nous sommes amenés à créer un marché de carbone bas et ce, à travers l’investissement dans la solidarité climatique».
Le principe de Solidarité climatique implique que chaque action en faveur de la transition énergétique au «Nord» ait un équivalent au «Sud» via le soutien à des projets de solidarité sobres en carbone tout en mobilisant les moyens financiers nécessaires. Toutefois, le défi ne consiste pas seulement à canaliser les flux financiers vers les territoires. Il convient également de renforcer l’autonomie et la capacité de la mobilisation de ces ressources par les gouvernements locaux et régionaux pour créer un environnement qui encourage la mobilisation des financements à la fois publics et privés, depuis le local et le national jusqu’à l’international. Pour James Grabet, le coordinateur de la Convention-cadre des Nations Unies sur l’évolution du climat : «Le problème de financement n’est pas lié seulement aux bailleurs de fonds et aux financeurs. Il concerne également les maires. En effet, le défi de financement dépend d’une véritable coopération entre les différents niveaux».
«Il est temps d’accélérer les financements pour un monde durable dans une approche participative» annonce El Yazami prononçant le discours du Président de la COP22. Et de faire savoir : «seul 9% du budget des grandes banques de développement sont alloué aux financements de projets climatique locaux ; l’adaptation ne représente que 30% de cette enveloppe. Et là encore, l’Afrique ne tire que peu bénéfice de ces financements».
Pourtant, l’Afrique est le continent le plus menacé par le réchauffement climatique. A ce sujet, Parks Tau, maire de Johannesburg a déclaré que «nous devons sortir avec de bonnes conclusions de cet événement historique. Nous devons passer à l’action en matière de financements mais aussi en matière de comportement. Il faut absolument redéfinir notre façon de consommation de l’énergie».
Enfin, la présidence marocaine a appelé au renforcement du champs d’action des collectivités territoriales à travers la mise en œuvre de modèles de gouvernances adaptés, de projets structurés et de programmes climatiques ambitieux ainsi que la mise en place d’infrastructures appropriées. Aussi, il est question d’identifier des opportunités partenariales à fort potentiel et la mobilisation des ressources y compris de sources innovantes. Aussi, la présidence appelle à la mise en place d’une plateforme de projets et de programmes en faveur du climat, soutenue par des Fonds dédiés.
Kaoutar Khennach