Après le feu vert aux conventions collectives
Les nouvelles conventions collectives des trois grands constructeurs automobiles américains Ford, Stellantis et General Motors ont été approuvées par leurs employés syndiqués auprès du syndicat United Auto Workers, qui a mené une grève inédite pendant les négociations.
« Après la grève historique de plus de six semaines qui a touché pour la première fois les trois groupes en même temps, les membres de l’UAW ont voté pour ratifier leurs nouvelles conventions collectives, verrouillant des gains record », a annoncé l’UAW lundi dans un communiqué.
Une source syndicale avait simplement indiqué samedi à l’AFP : « Les trois sont ratifiés »
Le syndicat a précisé que 64% des syndiqués des trois groupes avaient voté en faveur de la ratification de ces conventions collectives de quatre ans.
« Après des années de coupes, des mois de notre mobilisation et des semaines de piquets de grève, nous avons renversé la tendance pour les employés de l’automobile aux Etats-Unis », a commenté Shawn Fain, président de l’UAW élu au printemps, cité dans le communiqué.
De trois usines employant 12.700 syndiqués au lancement de la grève le 15 septembre, les débrayages ont pris de l’ampleur au fil des semaines jusqu’à mobiliser davantage de sites et plus de 45.000 des 146.000 membres de l’UAW travaillant pour les trois constructeurs.
Pendant des semaines, Fain a répété comme un mantra que des profits record signifient des contrats record.
Tous les employés grévistes ont repris le travail dès l’annonce des accords de principe fin octobre, sans attendre les ratifications comme c’est d’habitude l’usage.
« La grève était juste le début. L’UAW établit de nouveau le standard. Nous allons désormais utiliser la force procurée par la grève et notre esprit de combat pour les autres industries que nous représentons et pour les millions de travailleurs non syndiqués prêts à se dresser et à se battre pour une meilleure vie », a poursuivi Fain.
Le syndicat a obtenu le rétablissement de mesures d’adaptation au coût de la vie supprimées lors du sauvetage du secteur après la crise de 2008, des hausses salariales substantielles et des milliards de dollars d’engagements en produits et en investissements, selon le communiqué.
Le patron de Ford Jim Farley s’est réjoui lundi dans un communiqué pour ses plus de 57.000 employés syndiqués.
« Désormais nous retournons travailler comme une seule équipe », a-t-il poursuivi, indiquant un retour à la normale de la production dans les prochains jours dans les sites grévistes.
Insistant sur le renouvellement des modèles représentant la moitié de ses ventes en volume aux Etats-Unis, il a affirmé qu’il était impératif de continuer à s’attaquer aux coûts et au gaspillage.
« La réalité est que la nouvelle convention ajoute un coût important et nous allons devoir beaucoup travailler sur la productivité et l’efficacité pour rester compétitifs », a-t-il relevé.
Ce surcoût de fabrication a été évalué par Ford autour de 850 à 900 dollars par véhicule.
Stellantis (Chrysler, Jeep) avait réagi dès samedi, affirmant souhaiter désormais concentrer toute notre attention sur la mise en oeuvre de notre plan stratégique Dare forward 2030.
Le président Joe Biden, premier président à rejoindre un piquet de grève –devant une usine GM fin septembre– et qui a fait de son soutien aux syndicats un élément de sa campagne de réélection en 2024, a posté un message samedi lorsque la ratification a été évoquée de manière non officielle.
« Je suis fier d’être le plus pro-syndicat président de l’histoire des Etats-Unis », a-t-il posté sur X (anciennement Twitter), relevant que son probable adversaire républicain Donald Trump attaque les syndicats tandis que lui se tient aux côtés des syndicats.
A ce stade, l’UAW n’a pas indiqué s’il comptait apporter son soutien à un quelconque candidat à la Maison Blanche.
D’après le syndicat, sur les quatre prochaines années, les salaires vont augmenter de 33% à 160% selon le profil des employés et, pour des dizaines de milliers d’entre eux, de plus de 40% immédiatement.
Les nouvelles conventions incluent également des avantages sociaux, des améliorations pour les retraités, l’engagement que les employés des sites liés à la transaction électrique pourront se syndiquer, etc.
Les accords contiennent des spécificités en fonction du groupe, comme chez Stellantis en matière d’emplois, ou l’abandon du projet de fermeture de l’usine de Belvidere (Illinois) chez General Motors.