On entend toujours dire, ces derniers temps : «La crise nous assaille !». Cette expression est souvent rabâchée, spécialement dans les milieux de l’entreprise. La liquidité fait défaut et le règlement des factures tarde à respecter les délais. «Il y a le feu dans la baraque !», tonnent d’autres qui n’arrivent plus à liquider leurs produits. On se demanderait bien si la récession s’installe dans nos murs, due essentiellement aux retards cumulés lors du blocage de la formation.
En fait, l’économie nationale durant ce premier semestre de l’année en cours bat de l’aile. Des indicateurs donnent, en effet, des frissons. Biennaturellement, les résistances vindicatives qui attendent au coin la dynamique des réformes, ne se retiennent pas de pousser des soupirs jubilatoires. La rescousse annonce déjà la couleur pour anticiper le pire. Les turbulences attisées par les canicules de l’été risquent de refaire surface, au vu des prémices critiques qui se pointent à l’horizon.
D’autant plus que le Maroc, loin de se placer dans le discrédit, a toujours su honorer ses engagements, même aux moments les plus compromettants. Il n’est pas donc exclu que le pays recoure à une nouvelle soupape de sécurité, sans trop de dégâts et avec toutes les vigilances requises. En effet, on n’est pas du tout à l’abri d’une prise d’assaut de renchérissement des matières élémentaires qui contraindrait les pouvoirs publics à d’autres augmentations et partant à des soulèvements protestataires des démunis.
La conjoncture extérieure est telle que la balance des paiements est envisageable, quoique l’endettement ne soit pas, à priori, la solution prioritaire, en vue de consolider les marchés et en assurer les issues salvatrices. En tout cas, le volontarisme dont est armé le pays, en pleins chantiers prometteurs, ne saurait fléchir ni faire paniquer, bien que les trouble-fêtes soient constamment aux aguets. Dans notre pays, on a toujours conspué les disparités sociales criantes. Aujourd’hui, pour maintenir la stabilité qui a, de tout temps, fait notre force, la conscience nationale veut qu’on accule, avec solennité et fermeté, les nantis ayant cumulé toutes les richesses de la nation, souvent dans l’illégitimité, à travers des mesures audacieuses, sans pour autant faillir à la légitimité. Les masses défavorisées, quant à elles, ne sont plus en mesure de payer les pots cassés d’un tel chaos. Il se doit d’épargner davantage leurs souffrances.