Hillary Clinton prononce jeudi son premier discours de candidate officielle à la Maison Blanche, en clôture de la convention d’investiture démocrate à Philadelphie. Objectif: trouver les mots pour mobiliser son camp et détourner le reste des Américains de Donald Trump.
Ce n’est pas première fois qu’Hillary Rodham Clinton, 68 ans, s’exprime à la tribune d’une convention démocrate. En 1996, la première dame des Etats-Unis promouvait la réélection de son mari, Bill. Puis ce fut Al Gore en 2000, John Kerry en 2004 et Barack Obama en 2008.
Aujourd’hui, elle occupe enfin le rôle principal.
Deux présidents ont préparé le terrain cette semaine à la tribune du Wells Fargo Center, une salle omnisports reconvertie pour l’occasion.
Bill Clinton a raconté Hillary la femme, tandis que Barack Obama, dans un discours blockbuster, a loué mercredi ses qualités de femme d’Etat, seul recours contre un républicain incarnant selon lui l’antithèse des valeurs américaines, Donald Trump.
« Notre force, notre grandeur ne dépendent pas de Donald Trump », a déclaré Barack Obama. « Je vous demande de rejeter le cynisme, de rejeter la peur, d’exprimer ce que nous avons de meilleur en nous, et d’élire Hillary Clinton présidente des Etats-Unis, et de montrer au monde que nous continuons à croire dans la promesse de cette grande nation ».
Des dizaines d’élus du Congrès et de célébrités, de Meryl Streep à Sigourney Weaver, se sont succédé depuis lundi pour répéter qu’Hillary Clinton était non seulement la candidate la plus compétente de l’histoire des Etats-Unis, mais aussi une pionnière, engagée depuis ses années étudiantes dans la cause des enfants et des femmes.
Pour souligner la constance de cet engagement, l’ancienne première dame invoquera dans son discours son livre de 1996, « Il faut tout un village pour élever un enfant », a expliqué un responsable de son équipe jeudi.
Le but de la convention, suivi en début de semaine par 25 millions de téléspectateurs, est de refaçonner l’image d’une femme qui a si souvent tenté de se réinventer dans ses quatre décennies de vie publique, sans jamais pleinement réussir à se faire aimer.
Paradoxalement, jamais Hillary Clinton n’a été aussi rejetée que depuis qu’elle est aux portes du pouvoir.
Plus de 55% des Américains ont une opinion défavorable d’elle, selon les enquêtes d’opinion, une cote très dégradée durant les primaires, sous les coups de boutoir des républicains et de son ex-rival Bernie Sanders, qui s’est toutefois rallié au nom de l’unité.
Barack Obama a lui-même fait allusion aux mécontents de l’aile gauche du Parti démocrate, les appelant à la raison face aux enjeux.
Sur le fond, le camp démocrate cherche l’antidote au discours alarmiste du républicain Donald Trump.
L’équilibre est délicat à trouver, car les Américains observent avec inquiétude la répétition des tueries et des attentats, d’Orlando à Nice, et la stagnation des salaires.
« Ils n’ont offert aucune solution aux problèmes de l’Amérique », a réagi jeudi Stephen Miller, proche conseiller de Donald Trump. « Ils ont décrit une Amérique qui n’existe pas pour la plupart des Américains ».
L’itinéraire d’Hillary Clinton des prochains jours donne un indice de sa stratégie électorale.
Hillary Clinton et Tim Kaine feront une tournée en autocar en Pennsylvanie et dans l’Ohio, en pleine « Rust Belt », ces anciens hauts lieux de l’industrie victimes de la mondialisation et dont Donald Trump convoite la population blanche et ouvrière.
Les Blancs, qui représentaient 72% des votants en 2012, sont favorables à 56% au républicain. Chez ceux sans diplôme, la proportion monte à deux tiers, selon un sondage CNN.
Donald Trump se distingue de l’orthodoxie républicaine et est favorable à une hausse du salaire minimum. « Je rapatrierai des emplois du Mexique, qui est en pleine croissance », a-t-il dit mercredi.
Hillary Clinton espère que son grand oral de jeudi lui donnera une impulsion décisive pour les trois prochains mois de campagne, alors que Donald Trump l’a rattrapée dans les sondages.
« Cette convention se passe vraiment bien », estimait mercredi l’ancien stratège d’Hillary Clinton en 2008, Mark Penn, lors d’une conférence organisée par le magazine The Atlantic. « Elle devrait rebondir de quatre ou cinq points dans les sondages d’ici à la semaine prochaine. Sinon il faudra attendre le premier débat », le 26 septembre.
(MAP)