L’Etat islamique ne cesse de faire parler de lui. Ainsi ce lundi c’est en prenant à son compte l’odieux massacre qui a fait au moins 70 morts et plus de 200 blessés dans la ville de Quetta au Pakistan qu’il a rappelé au monde son existence.
Un peu plus tôt dans la journée un kamikaze avait déclenché sa ceinture d’explosifs au milieu d’un rassemblement d’avocats qui rentraient dans le service des urgences de l’hôpital civil de la ville pour prendre possession de la dépouille de leur bâtonnier assassiné quelques heures plus tôt par cette même organisation terroriste alors qu’il sortait de chez lui.
Cet action terroriste avait été revendiquée un peu plus tôt dans la journée par la Jamaât-Al-Ahrar, fraction des Talibans pakistanais qui avait prêté allégeance à l’Etat Islamique et qui fut à l’origine de l’attentat perpétré en mars dernier durant le week-end de Pâques dans un parc à Lahore, attentat qui avait coûté la vie à 75 personnes en majorité des femmes et de jeunes enfants. A l’issue de son macabre forfait de ce lundi, ce groupe terroriste a promis, solennellement, de multiplier ses attaques «jusqu’à l’instauration d’un système islamique au Pakistan».
Venu sur place, le Premier ministre Nawaz Sharif a condamné ce lâche attentat en ces termes : «Nous ne laisserons personne troubler dans cette province la paix qui y a été restaurée grâce aux nombreux sacrifices des forces de sécurité, de la police et du peuple». En rendant, par la suite, visite aux nombreux avocats blessés dans l’explosion, il s’est fait tancer vertement par l’un d’eux en ces termes : «Pour l’amour de Dieu, ne reculez pas… Les avocats sont honnêtes, pourquoi s’en prendre à nous ? Le Président du barreau a été tué, nos collègues ont été tués alors que nous ne disions rien !».
La visite et le soutien du Premier Ministre n’ont, toutefois, pas suffi à atténuer la grogne des hommes du barreau qui déclarèrent par la voix d’un ancien bâtonnier : «Nous venons de nous réunir à la Haute Cour de Lahore et nous avons décidé de manifester contre ce qui s’est passé à Quetta, et nous appelons à la grève des avocats, parce que ce genre d’incident n’avait jusqu’ici jamais visé des avocats. Et les avocats dans tout le Pakistan vont aussi manifester. Le gouvernement n’a donné absolument aucune protection à la communauté des avocats. Nous pensons qu’il s’agit d’une attaque planifiée, ce meurtre du président du barreau de Quetta et ensuite celui des avocats qui étaient venus le voir à l’hôpital. Le gouvernement doit comprendre que c’était planifié».
Cet attentat qui est la deuxième attaque la plus meurtrière au Pakistan depuis le début de l’année et qui, selon la police, serait l’œuvre d’un kamikaze qui portait sur lui une charge de huit kilos d’explosifs associée à des billes de métal a été dénoncé par la Communauté internationale et notamment par le Président Français qui y a vu un «acte abominable» et par l’Union Européenne qui considère que «rien ne (le) justifie».
Nabil El Bousaadi