Réouverture de l’enquête sur la disparition, de Fédérico Garcia Lorca…

«Moi, si j’avais faim et me trouvais dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi-pain et un livre». (Federico Garcia Lorca).

Federico Garcia Lorca est un poète, un dramaturge, un peintre et un pianiste-compositeur espagnol né le 5 Juin 1898 à Fuente Vaqueros près de Grenade en Espagne et tombé à Viznar sous les balles des milices franquistes le 18 Août 1936 – en pleine guerre civile – alors que le régime de Franco n’a jamais reconnu l’avoir assassiné. Sommé de s’expliquer sur la disparition controversée du poète, le Caudillo aurait répondu qu’il «mourut mêlé aux révoltés» et que «ce sont les accidents naturels de la guerre», les «effets collatéraux» dirions-nous aujourd’hui…

Mais quatre-vingt ans après les faits, cette disparition intrigue toujours car bien que de nombreux historiens aient publié moult essais sur les conditions et sur l’endroit approximatif de son assassinat, les restes de Garcia Lorca demeurent introuvables malgré les nombreuses excavations menées par des historiens et des archéologues à Viznar près de Grenade, localité  où il est supposé avoir été assassiné et jeté dans un fossé.

«L’Asociacion para la Recuperacion de la Memoria Historica», une ONG espagnole à la recherche des victimes du régime de Franco, a demandé en Avril dernier à Maria Servini, une juge fédérale argentine déjà en charge du dossier relatif aux exécutions sommaires et aux faits de torture commis sous le franquisme, de prendre en main le dossier concernant la disparition non encore élucidée à ce jour de l’auteur de «Noces de Sang», de «L’Ode à Salvador Dali», des «Complaintes gitanes» et de tant d’autres œuvres.

Il est à signaler, au passage, qu’entre 2006 et 2008 , le juge espagnol Baltazar Garzon avait ouvert une enquête sur les crimes du franquisme mais qu’il a été empêché de la poursuivre par deux associations d’extrême-droite au motif qu’il avait enfreint la loi d’amnistie votée en Octobre 1977 et imposant le silence sur ces périodes de la guerre civile  (1936/1939) alors même que les historiens estiment à 500.000 le nombre de tués et de la dictature (1936/1975) durant laquelle des dizaines de milliers d’opposants au Général Franco furent emprisonnés ou tués lors de violentes purges.

Ainsi, même si l’on sait à peu près tout sur les circonstances de l’arrestation et de la mort du poète «rouge et homosexuel » ainsi que sur l’identité de ses bourreaux – des phalangistes qui l’auraient jeté dans un fossé à Alfacar près de Grenade – les recherches continueront tant que la dépouille de la plus célèbre victime de la guerre civile espagnole n’a pas été retrouvée; ce qui fait dire à Ian Gibson, l’historien et biographe du poète, «Tant qu’on ne l’aura pas trouvé, il y aura toujours quelqu’un pour le chercher car il est, sans doute, le disparu le plus célèbre du monde et le plus aimé».

Nabil El Bousaadi

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