Ajay Banga riposte à ses détracteurs en voulant «humaniser» sa banque

Assemblées annuelles BM-FMI

DNES à Marrakech : Khalid Darfaf

«Nous sommes les gardiens d’une institution assumant une énorme responsabilité à une époque marquée d’incertitude et de lourdes conséquences», a souligné Ajay Banga, président de la banque mondiale, lors de la session plénière des Assemblées annuelles  BM-FMI, tenue vendredi 13 octobre 2023.

Il faut dire, a-t-il insisté, que la mission de son instance n’est pas si facile, vu que « les Etats du monde sont confrontés à un recul dans la lutte contre la pauvreté mais aussi à une crise climatique existentielle, à l’insécurité alimentaire, à la fragilité et à une reprise pandémique…

Il s’agit d’une «véritable tempête», qui a exacerbé les inégalités, sans oublier les conflits géopolitiques qui ont aggravé davantage la crise.

-t-Il indiqué. D’ailleurs, la croissance dans une grande partie du monde a reculé en passant de 6% à 5% en deux décennies et ne pourrait atteindre que 7% pour les années à venir,  a-t-il indiqué.              «Les sept prochaines années, pour chaque point perdu en matière de taux de croissance, 100 millions de personnes vont basculer dans la pauvreté, alors que 50 millions de personnes  seront plongées dans l’extrême pauvreté», a-t-il averti. Et de poursuivre que la dette a augmenté dans tous les marchés émergents et a doublé en Afrique, éreintant ainsi  tous les efforts de développement dans un contexte de polarisation qui ne cesse de intensifier.

A cela s’ajoute «une méfiance croissante qui divise le Nord et le Sud, compliquant les perspectives de progrès», a-t-il indiqué, en soulignant que «la frustration des pays du Sud est compréhensible. À bien des égards, ils paient le prix de la prospérité des autres». Autrement dit, «ils estiment que les règles énergétiques ne sont pas appliquées universellement et ils craignent qu’une génération émergente ne soit enfermée dans une prison de pauvreté.»

Cependant, il faut dire, a-t-il expliqué, que le monde ne peut plus supporter une nouvelle période ponctuée par une augmentation des émissions. Cela étant, « l’urgence nous pousse plus que jamais à promouvoir de nouveaux mécanismes afin de financer un monde où notre climat soit protégé », a-t-il déclaré avec insistance.

Exporter l’optimisme !

Pour lui, le véritable rôle de son institution consiste, tout en faisant preuve de détermination,  à «exporter l’optimisme».

Pour ce faire, la BM, afin de tenir ses engagements et répondre aux attentes  de ses partenaires, s’est dotée d’une nouvelle vision, voire une nouvelle mission ayant pour finalité de «créer un monde sans pauvreté». Toutefois, selon lui, cette nouvelle mission est contrainte par le temps qui presse. Abondant dans le même ordre d’idées, il a évoqué la nécessité «d’agir le plus rapidement possible afin stimuler un développement efficace dont le but est celui «d’améliorer la qualité de vie des populations pauvres, en leur facilitant l’accès à l’eau potable, à l’éducation et aux soins de santé », et ce dans le cadre d’une action collective». «C’est une mission qui inclut tout le monde, en particulier  les femmes et les jeunes », a-t-il martelé.

Une stratégie qui se veut agressive

A l’encore, Ajay Banga ambitionne à asseoir une stratégie résiliente et durable pour face aux chocs, notamment aux crises climatiques et de biodiversité, aux pandémies et à la fragilité.

Autre points non moins importants, a-t-il clarifié, c’est que son agenda s’attellent sur les dossiers chauds qui inquiètent l’humanité, à savoir : la croissance, la création d’emplois, le développement humain, la gestion des finances publiques et de la dette, la sécurité alimentaire, l’accès à l’air pur, l’eau et l’énergie. «Il faut répondre à ces problématiques de manière agressive, simultanée et globale dont les femmes et les jeunes sont au cœur des préoccupations des stratégie de développement», a-t-il avancé. 

Pour lui, il est aberrant à ce que les femmes sont moins pays que les hommes et que leur taux de participation à la population active n’a pas bougé d’un iota depuis 1990.

«Nous ne pouvons pas vaincre la pauvreté si la moitié de la population mondiale est marginalisée», a fait remarquer Ajay Banga. Idem en ce qui concerne les jeunes sans emploi. Ainsi, il a appelé à la mise en place des politiques publiques visant leur intégration dans le marché de travail. «Sans emploi, il y le désespoir et le d’espoir se transforme en colère», a-t-il mis en garde.

D’ailleurs, selon lui, les pronostics prévoient «qu’au cours des 10 prochaines années, 1,1 milliard de jeunes dans les pays du Sud auront  l’âge de travail, pourtant, sur la même période et dans les mêmes pays, on ne peut créer que 325 millions d’emplois », a-t-il fait savoir. Et de poursuivre, « le coût de l’inaction sera alors inimaginable.» Dans ce sens, il a appelé à l’implication de donateurs et des actionnaires pour augmenter la capacité des financements de la BM et atteindre, par conséquent, les objectifs de développement.

Pour une banque plus accessible

Et Ajay Banga ne semble point s’arrêter là. En fait, il envisage de tisser des partenariats avec d’autres partenaires ou ce qu’il a désigné par des banques  multilatérales de développement pour coordonner l’action mondiale et catalyser le changement…

En plus de cela, son plan porte sur d’autres points primordiaux, à commencer par les agences de notations de crédit dont la mission consiste à aider son institution pour bien maitriser les risques liés à l’investissement. Et ce n’est pas tout, étant donné qu’il envisage de conclure des partenariats en matière de financement conjoint et l’établissement  d’une plateforme de cofinancement pour créer une certaine homogénéité  entre les priorités mondiales et régionales.

Sur un autre registre, le parton de la BM s’est engagé  à normaliser les processus et réduire les couts de transaction surtout en matière de passation des marchés publics tout en mettant l’accent sur la nécessité de développer une nouvelle approche pour « suivre les résultats des programmes de la protection du climat  en fonction de leurs impacts.»

Pour lui, la BM œuvre dans le plein respect des normes environnementales et sociales qui protègent les communautés. Argument à l’appui, il a mis en avant la contribution de la banque à participé à la réduction des émissions de carbone de plus de 230 millions de tonnes par an. Il s’agit d’une réponse en filigrane à ceux qui accusent son institution de contribuer à la pollution de la planète en finançant les énergies fossiles.

«Et malgré ces progrès, trop de personnes n’ont toujours pas ressenti l’impact du travail que nous avons réalisé», a-t-il regretté.

Grosso modo, son approche consiste en «l’accélération du rythme de travail, l’accroissement de l’efficacité et la simplification des procédures en visant  de faire de la BM une institution plus approchable voire plus accessible», a-t-il affirmé.

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