Mort à 78 ans de l’ancien ministre et homme d’affaires français
L’ancien ministre et homme d’affaires français, Bernard Tapie, un temps érigé en symbole de la réussite sociale avant d’être rattrapé par les ennuis judiciaires, est mort dimanche à 78 ans d’un cancer.
« Il est parti paisiblement, entouré de sa femme, ses enfants, ses petits-enfants et son frère, présents à son chevet », a annoncé sa famille dans un communiqué au groupe de presse La Provence.
« Au revoir mon Phénix », a publié Stéphane Tapie, l’un de ses fils, en légende d’une photo en noir et blanc de lui et son père, sur son compte Instagram.
Tour à tour entrepreneur, présentateur d’émission télévisée, chanteur, président du club de football de l’Olympique de Marseille (OM), ministre, acteur ou encore patron de presse, Bernard Tapie est décédé à son domicile parisien.
Sa famille a précisé qu’il serait inhumé à Marseille, « sa ville de coeur ».
Très rapidement une pluie de réactions a afflué, à commencer par le Premier ministre français Jean Castex qui a salué « un combattant », « très engagé contre l’extrême droite, mais surtout pour des causes, son club, sa ville, l’entreprise aussi. Bref un homme très engagé qui a tout donné et je crois qu’on l’a vu aussi contre la maladie ».
Le président français Emmanuel Macron et son épouse Brigitte se sont dits « touchés » par le décès de Bernard Tapie, « dont l’ambition, l’énergie et l’enthousiasme furent une source d’inspiration pour des générations de Français ».
« Cet homme qui avait une combativité à déplacer les montagnes et à décrocher la lune ne déposait jamais les armes, et livra bataille contre le cancer jusqu’à ses derniers instants », ajoute un communiqué de l’Elysée.
Au sommet de la gloire et du succès dans les années 1980, la fin de la vie de Bernard Tapie a été rythmée par la maladie et des soucis judiciaires.
Né le 26 janvier 1943 à Paris dans une famille d’origine modeste, celui qui était connu pour ses coups de gueule et sa gouaille a d’abord été un patron flamboyant et admiré, spécialisé dans le rachat d’entreprises en difficulté, avant de rétrograder au rang d’entrepreneur sulfureux aux pratiques douteuses.
L’homme a aussi fait de la politique: élu député des Bouches-du-Rhône (sud de la France) en 1989 sous la bannière de la majorité présidentielle du socialiste François Mitterrand, il a été conseiller régional, député européen et, pendant moins de deux mois, ministre de la Ville dans le gouvernement de Pierre Bérégovoy (avril-mai 1992).
Son duel télévisé avec le chef du Front natinal (extrême droite) Jean-Marie Le Pen en 1989 a marqué les esprits.
Grand amateur de sports, « Nanard », ainsi qu’il était souvent désigné, a créé en 1983 une équipe cycliste qui recrutera Bernard Hinault, avant de reprendre trois ans plus tard l’OM, qui devient en 1993 le premier – et toujours seul – club français à remporter la prestigieuse Coupe d’Europe des clubs champions.
Pour de nombreux supporteurs marseillais, il est resté « Le Boss ».
C’est aussi à l’OM qu’éclate la première grande affaire qui le met en cause, celle du match truqué entre Marseille et Valenciennes, dite « VA-OM », pour laquelle il est condamné pour complicité de corruption et subornation de témoins et passe 165 jours en prison en 1997.
Il sera ensuite condamné dans d’autres dossiers, pour abus de biens sociaux et fraude fiscale notamment, qui aboutissent à sa mise en liquidation judiciaire et la perte de tous ses mandats.
Père de quatre enfants, il a en outre coiffé la casquette de patron de presse en acquérant, en 2012, les derniers titres du groupe Hersant et en dirigeant depuis le groupe « La Provence ».
Très affaibli mais toujours combatif, Bernard Tapie comparaissait encore en mai dernier devant ses juges dans un des volets de « l’affaire de sa vie », son conflit financier de près de trente ans avec le Crédit Lyonnais autour de la revente de l’équipementier sportif Adidas.
« Madame la présidente, il est temps, franchement, qu’on arrête avec cette justice-là ! », lançait-il à la cour d’appel saisie de l’arbitrage controversé rendu en 2008, depuis annulé au civil, qui lui avait octroyé 408 millions d’euros dans son litige avec le Crédit Lyonnais.
Déjà interrompu six mois à l’automne 2020, ce procès s’est terminé en l’absence de l’homme d’affaires, de nouveau hospitalisé.
L’accusation avait requis cinq ans d’emprisonnement avec sursis à son encontre pour complicité d’escroquerie et détournement de fonds publics. La décision était attendue ce mercredi.
En juin, il a publié avec le journaliste Franz-Olivier Giesbert un livre en forme de testament, titré « Bernard Tapie. Leçons de vie, de mort et d’amour », où il revenait notamment sur la « plus grosse » des « conneries » de sa carrière, la vente d’Adidas.