Dominants et dominés

Le pouvoir, la société et la culture

Par Azzam Madkour

Tout régime autoritaire, non fondé sur une démocratie véritable, est conçu par une minorité ayant comme horizons la soumission de toute la majorité sous son joug. Tout ce que désire la minorité dominante, qu’elle soit capitaliste, colonialiste ou socialiste, c’est de dominer en permanence.

Malade de l’expansion, elle justifie sa convoitise par son comportement et son complexe de classe supérieure, de race au-dessus de toutes les races. Jules Ferry est convaincu, à travers ses discours, que ‘’ les races supérieures ont un droit sur les races inférieures’’, couvrant la théorie de Darwin par des mensonges, les colonisateurs européens ont transformé ses études scientifiques en préceptes racistes.

Le colonialisme et le régime autoritaires, s’imposent par la force, au contraire de la démocratie qui se propose. Ces régimes croient confusément que le monde est constitué de deux monde antagoniques : une minorité libre et dominante, qui jouit de tous les privilèges accordés aux maîtres, et le monde des dominées qui ont perdu tous leurs drois d’hommes libres.

Oppression d’une minorité forte qui prétend être bienfaisante sur une majorité faible, la domination se pratiquait depuis l’Antiquité. Les sociétés conquérantes s’assuraient avec les vaincus réduites en esclavage, un approvisionnement continuel en main-d’œuvre à bon marché. Et depuis l’Antiquité, également, la religion et la royauté s’entouraient de la culture de la crainte, constituant, ainsi, un ‘’cercle vicieux ; comme Claude Polin l’a su bien analyser ; il écrit : ‘’Plus la crainte règne, et plus il est nécessaire de la faire régner ; plus le tyran a de pouvoir, plus il sait comme ce pouvoir est haï, et plus il est donc amené à se faire craindre, en quelque sorte préventivement’’ (Le Totalitarisme, Que- Sais-je ? 1982, p.16).

D’ailleurs, l’oppression ne peut naître et se former que lorsque les peuples craignent leurs responsables ; en revanche, lorsque les responsables craignent leurs peuples, naît la liberté. Et depuis toujours, les peuples libres refusent d’être dirigés par un despote, tandis que la tyrannie se trouve partout où il y a des esclaves, où il y a la résignation.

Avec l’expérience de l’esclavage, les empires coloniaux se sont rendu compte de tout le profit tiré des nouvelles richesses dont ils ont pu disposer dans le monde conquis.  Seulement, avec la Révolution industrielle l’esclavage n’est plus rentable pour le capitalisme, puisque la machine accomplit des services plus avantageux et plus rapides que l’esclave, que le colonisé même.

Faisant la comparaison entre l’esclave et l’ouvrier, Adam Smith a écrit : ‘’L’ouvrier libre étant supérieur à l’esclave, car la contrainte ne rend l’homme ni inventif, ni zélé, ni intelligent’’. Avec cette Révolution industrielle, qui est en même temps bourgeoise et capitaliste, l’esclavage va être éliminé et la décolonisation va être acquise dans le mode. Mais la libération ne va se faire presque qu’en apparence; les moyens de domination changent seulement.

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