Brahim Zahar, le Tatum des Habous

Le quartier des Habous de Casablanca a donné plusieurs personnalités ayant porté haut les couleurs du Maroc dans différents domaines.

Si cette belle ancienne cité de la grande métropole casablancaise est tellement heureuse d’avoir deux grandes mosquées, Al Youssoufi et Al Mouhammadi, jouxtant le Palais Royal, elle est également chanceuse d’avoir enfanté de grandes personnalités artistiques, intellectuelles, des leaders politiques mais aussi et surtout des stars sportive et plus particulièrement dans le domaine du football. Géographiquement situé au côté de l’autre ancien grand quartier de Derb Soltan connu par ses terrains et grands espaces où plusieurs stars footballistiques ont vu le jour, Al Habous a eu également les siennes. Feu Brahim Zahar alias Tatum en était un. Ses anciens amis et coéquipiers avec lesquels il a tapé dans un ballon pour la première fois étaient feu Abdellah Zhar du Raja qui venait de nous quitter, feu Jdid alias Harrouda également du Raja, feu Abderrahman Azmi de l’Etoile (EJSC), Massaoud Skalli et Mohamed Jalal (RAC)…

Faisant ses débuts depuis son enfance en compagnie de ses amis à Al Habous, Derb Lihoudi (actuellement Hay Dakhla), Tatum a pratiquement foulé tous les terrains de Derb Soltane en marquant plusieurs tournois de football de quartier avant d’être déniché pour rejoindre les anciennes équipes casablancaises, l’USA et l’USM de 1949 jusqu’à 1955. Des équipes au sein desquelles, Tatum a brillé et justifié son mérite d’aller changer d’aire en effectuant une longue expérience professionnelle en France à partir de 1956. Au Maroc, Tatum qui faisait partie des joueurs et clubs marocains ayant évolué seulement sous l’ère du colonialisme en l’absence du championnat national de la FRMF, allait regagner son pays en 1966 pour une seule saison de la Botola et achever son parcours riche au TAS, cher au quartier Hay Mohammedi.

C’était donc en France, que Tatum a pu étaler ses prouesses techniques en faisant les beaux jours de pas mal de clubs. Tout d’abord, il a évolué dans deux grandes équipes en première division, le Racing Club de Paris avec lequel il a fait ses premières armes et puis les Girondins de Bordeaux son cher club de toujours. Tatum a également joué chez l’équipe de Besançon en 1958 et la saison suivante sous les couleurs d’Alex. En regagnant la capitale française en 1960, il a joué au club Athletic de Paris en seconde division et à Bastia avec lequel il a réussi l’accession en division des grands, la saison suivante, avant d’achever sa longue carrière professionnelle à Beziers, en 1965.

En équipe nationale du Maroc, Tatum a également laissé ses traces. Il a eu le mérite de justifier sa titularisation au sein des Lions de l’Atlas contre la Roja de l’Espagne en 1961, dans une double confrontation houleuse à Casablanca et Madrid, pour le compte des barrages de la Coupe du Monde 1962. Jouer contre l’Espagne dans un barrage pour le Mondial n’était pas donné à n’importe qui surtout que lorsqu’on sait que le Maroc allait devenir le premier pays du Continent à se qualifier pour le Mondial de 1970 au Mexique après les éliminatoires (l’Egypte qui a eu le luxe de participer au Mondial de 1934 avait seulement bénéficié d’une invitation de la Fifa sans passer par les éliminatoires).

Voilà qui justifie les qualités d’un grand footballeur tel Tatum qui a joué aux côtés de plusieurs grandes stars à savoir : Mustapha Bettache, Abdellah Zhar, Jdidi, Khalfi, Abderrahmane Belmajdoub… en arrivant à la Perle Noire Larbi Ben Mbarek.

Ce fut une belle époque pour le football marocain et pour Tatum qui a toujours brillé dans d’autres matches contres de grandes équipes qu’il a souvent surprises surtout avec ses belles détentes et ses fameux coups de tête. Les délections d’Algérie, Tunisie, Egypte en savaient quelques choses tout comme celles de France, Italie, Hongrie et Espagne… de l’âge d’or de la Jora forte de ses grandes stars Puskas, Di Stefano, Gento, Del Sol…

Grand joueur international de l’époque, feu Brahim Zaha décédé à l’âge de 77 ans, restera le grand Tatum des Habous et du football international…

Rachid Lebchir

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