Bronchiolite aiguë du nourrisson : le diagnostic précoce est très important

Pr Abdelaziz Aichane, agrégé en pneumologie et en allergologie

Propos recueillis par Abdelaziz Ouardirhi

La bronchiolite est une maladie virale, souvent bénigne, évoluant par épidémie automno-hivernale. C’est une maladie infectieuse des voies respiratoires inférieures, la plus fréquente durant les deux premières années de vie.  A côté du virus respiratoire syncitial, principal agent pathogène, d’autres virus respiratoires sont concernés.

Une prise en charge précoce et appropriée permet d’éviter l’évolution vers des formes compliquées nécessitant l’hospitalisation en milieu spécialisé, et  pouvant dans certains cas compromettre le pronostic vital de l’enfant.

Les parents doivent faire preuves d’une extrême vigilance et agir rapidement dès les premiers signes de la maladie. Pour en savoir plus sur la bronchiolite, nous sommes allés à la rencontre du professeur Abdelaziz Aichane, agrégé en pneumologie et en allergologie.

Qu’est-ce que la bronchiolite ?

Effectivement, la bronchiolite aigue est une affection virale saisonnière qui survient chez les enfants de moins de deux ans. Elle correspond à une inflammation aigue des petites bronches ou bronchioles, qui sont les plus petits conduits respiratoires des poumons. Cette inflammation des bronchioles conduit à une obstruction dite bronchiolaire, et entraine une altération de la respiration qui est perceptible parfois à distance puisqu’on note des sifflements aigus et fréquents.

C’est une maladie qui est fréquente en automne et en hiver, particulièrement au cours des mois de novembre, décembre et janvier, connus pour être des mois où le froid s’installe. Nous assistons alors à une recrudescence des bronchiolites essentiellement virales, due au virus respiratoire syncytial (VRS) dans 70 à 80% des cas, et dans une moindre mesure, d’autres virus peuvent être impliqués.

Quels sont les signes de la bronchiolite ?

Les premiers signes de l’infection sont la fièvre (augmentation de la température du corps).

On note la toux, qui est plutôt sèche, non productive. Il y a aussi des douleurs thoraciques.

Une rhinite et une obstruction nasale qui peut être variable en fonction de l’âge du nourrisson. Il y a la polypnée, c’est-à-dire une accélération du rythme respiratoire, une respiration rapide, une distension du thorax et des sifflements.

Le bébé éprouve des difficultés pour téter, son sommeil est souvent agité. Devant une telle situation, les parents ne doivent pas attendre, il faut agir vite et consulter le médecin traitant.

Dans les formes graves, les signes cliniques sont l’apnée ( arrêt respiration ), irrégularités du rythme respiratoire, polypnée ou accélération du rythme respiratoire avec plus de 60 mouvements respiratoires par minute, majoration des signes de lutte, balancement thoraco-abdominal, cyanose, difficultés à s’alimenter, somnolence inhabituelle, hypotonie et par conséquent une altération de l’état général du nourrisson ou du jeune enfant.

Comme je vous l’ai expliqué, devant les premiers signes de la bronchiolite, les parents doivent agir très vite et consulter le médecin.

Il faut savoir que les nouveau-nés de moins de 3 mois sont notamment les plus enclins à développer des bronchiolites très sévères, qui nécessitent souvent l’hospitalisation du nourrisson en milieu spécialisé et une assistance respiratoire médicalisée en unité de soins intensifs.

Quelles sont les complications de cette pathologie ?

Les complications de cette maladie sont diverses. Si on se trouve face à des enfants qui ont une immunité diminuée, cette bronchiolite va entrainer une pneumonie.

Autre complication de la bronchiolite, c’est l’apparition de l’asthme. On parle alors d’asthme viro-induit parce que effectivement, certaines personnes âgées, qui ont des tares notamment le diabète, les maladies cardiovasculaires et les enfants qui n’ont pas d’immunité peuvent avoir une bronchiolite asthmatiforme, qui va devenir par la suite une véritable maladie asthmatique. D’autres complications sont possibles, telles la pneumonie, des péricardites et même des méningites. 

Peut-on prévenir la Bronchiolite ?

Oui, on peut effectivement prévenir la bronchiolite, il s’agit de faire le diagnostic précoce de la maladie, particulièrement quand le bébé ou l’enfant ou même la personne âgée qui  présentent une toux pénible, avec de la fièvre, surtout la nuit. Il faut suspecter la bronchiolite, consulter rapidement et suivre aussitôt le traitement prescrit par le médecin.

La prévention commence souvent par le respect de quelques gestes simples. C’est notamment le cas pour le lavage des mains qui  joue un rôle clé dans l’hygiène puisque c’est par les mains que se propage la majeure partie des maladies infectieuses. C’est pourquoi il est important de se laver les mains régulièrement.

Quels sont les conseils à donner aux parents

La sensibilisation autour de cette maladie doit être entreprise par tous les professionnels de santé, afin de permettre aux parents de s’approprier des informations utiles.

Il s’agit d’informer sur le danger du tabagisme passif pour les enfants. C’est pourquoi il est déconseillé aux parents de fumer à la maison ou dans la voiture. Il faut aussi éliminer tous les polluants de l’air intérieur.

Les parents doivent savoir tous les avantages de la vaccination. Assurez-vous que votre enfant reçoive tous les vaccins conformément au calendrier vaccinal national.

Eviter les habitudes qui consistent à embrasser les nourrissons sur le visage. Ne pas laisser votre enfant passer de mains en mains.

N’échangez pas les tétines, biberons, sucettes, petites cuillères ou jouets d’un bébé à l’autre, toujours les nettoyer soigneusement.

Tenez les bébés de moins de 6 mois éloignés des personnes qui toussent, qui sont enrhumées.

Allaitez votre bébé, donnez-lui le sein jusqu’à 6 mois et même plus, le lait maternel contient des anticorps et d’autres facteurs immunitaires qui l’aident à éviter les maladies ou à mieux lutter contre elles.
Quand il fait froid, ne pas sortir les nourrissons, évitez les  lieux trop fréquentés et trop confinés, éviter les lieux publics comme les grands magasins ou les transports en commun.

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