Coin de l’expert: Vers une Remontada de la Samir

Le 1er juin, le Tribunal de commerce pourrait annuler la liquidation de la Samir et la remplacer par un redressement judiciaire. Un tel scénario que nous présentions en avril, pourrait changer la donne, donnant une bouffée d’oxygène pour les actionnaires minoritaires, la masse obligataire et les créanciers du raffineur. 

En effet, le parquet et plusieurs créanciers de la Samir ont demandé au Tribunal de Commerce, d’opter en appel pour le redressement judiciaire au lieu de la liquidation. Il en est de même pour Corral et la Samir, Al-Amoudi promettant une augmentation de capital de 680 millions de dollars. Le jugement sera rendu le 1er juin avec une issue positive sauf énième rebondissement.

Une telle issue heureuse pourrait être facilitée par le travail préalable d’Abderrafii Bouhamria qui œuvre à redémarrer l’outil de raffinage, assurer la continuité de l’exploitation et sauvegarder les emplois. Pour ce faire, plusieurs réunions ont été tenues au niveau technique, tout en associant les partenaires sociaux. Surtout, le Syndic a pu obtenir la levée des ATD de la Douane et de la plupart des saisies conservatoires.

Un tel redressement judiciaire pourrait être soutenable surtout si les principaux distributeurs pétroliers jouent le jeu. En effet, en année normale (2012 et 2013) et absence de grosse volatilité des prix, la Samir a dégagé un EBITDA compris entre 682 millions de DH et 1,05 milliards de DH, ce qui peut permettre théoriquement un apurement progressif des dettes en cas de rééchelonnement. Aussi, avec la levée de la saisie des comptes et l’injection de 680 millions de dollars, la filiale de Corral est dotée financièrement pour redémarrer l’activité de raffinage.

Au niveau boursier, le Juge Commissaire et Mohamed El Krimi comme Syndic Judiciaire, avaient précisé que les comptes de la Samir seront arrêtés et publiés au plus tard le 31 mai 2016. Aussi, avec le redressement judiciaire, les actionnaires minoritaires évitent une perte sèche même s’ils risquent d’être dilués avec l’augmentation de capital réservée à Corral, à moins que l’injection des 680 millions de dollars ne passe d’abord par les comptes courants d’associés.

Pour le marché financier, la masse obligataire détenant 800 millions de DH pourra entreprendre une ingénierie financière à la Maghreb Steel, ce qui évitera la perte sèche qui avait amené certains assureurs à passer de grosses provisions et certains OPCVM à donner une valeur nulle aux obligations Samir détenues (des pertes de près de 10% pour des OPCVM). Pour les banques et les autres créanciers financiers, au 30 juin 2015, la dette nette culminait à 21,7 milliards de DH en sus des 13 milliards de DH réclamés par l’Administration des Douanes et des impôts indirects.

K. Khennach

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