Conférence thématique de la JS sur le renouvellement des élites

Les jeunes des partis appelées à faire preuve d’esprit critique et d’innovation

Le renouvellement des élites politiques est tributaire de la requalification des structures de jeunesse des partis politiques, ont souligné les intervenants à la conférence-débat organisée par l’Organisation de la jeunesse socialiste (JS), vendredi 1er décembre 2017 à l’occasion de la 6e session du Conseil central.

Présidée par Ismail El Hamraoui, membre du Bureau national de la JS, cette session fut une occasion pour les jeunes militants de débattre des mesures et outils à même de rendre plus efficient l’action de la JS.

Prenant la parole, Jamal Krimi Benchekroun, SG de la JS, a axé son intervention sur les mécanismes générateurs à l’origine de  l’abstentionnisme politique des jeunes et qui pourraient être expliqués, insiste-t-il, par des considérations qui sont à la fois d’ordre objectif et subjectif. Le numéro un de la JS a, ainsi, mis l’accent sur le cadre juridique régissant l’organisation des partis politiques, notamment l’article 27 qui prive les organisations des jeunes des partis des sources de financement. D’où la nécessité de procéder à un amendement de la loi pour pallier cette défaillance, martèle-t-il.

«Ce sont les organisations de jeunesse partisanes qui assurent le relais entre les jeunes et l’univers politique et pourrait servir comme un acteur d’intermédiation à l’instar des associations de la société civile», note-t-il en substance.  Abondant dans le même ordre d’idées, le dirigeant de la JS a relevé le problème de la faiblesse des structures d’accueil et d’intégration qui ne sont pas assez suffisants.

Il est certes vrai que certains départements ministériels ne lésinent pas sur les moyens de soutien quand une organisation de jeunesse partisane organise une activité quelconque, mais il faut que cela soit institutionnalisé, laisse-t-il entendre.

Parmi les autres facteurs de blocage, Jamal Krimi Benchekroun a soulevé la question de l’absence de la démocratie interne dans certaines formations politiques.

Il faut dire, selon le numéro un de la JS, que les organisations des jeunes jouent un rôle incontournable en matière de mobilisation et d’encadrement des  jeunes. «Il s’agit de structures parallèles, dont la mission consiste à assurer l’encadrement et la formation des jeunes pour qu’elles soient productrices de compétences, comme c’est le cas pour la Jeunesse socialiste qui est une pépinière qui regorge de compétences et un affluent important pour le Parti du progrès et du socialisme (PPS) durant plus de 40 ans», précise-t-il.

Pour le conférencier, les militants de la JS sont tenus, plus que jamais, d’instaurer une culture de confiance parmi cette catégorie sociale en l’exhortant à s’impliquer davantage dans l’action politique et à se positionner en tant qu’acteur de proposition.  D’une manière ou d’une autre, la JS doit continuer sur sa lancée afin de ne pas perdre le cap,  en inscrivant sa démarche dans la thèse d’orientation du 7e Congrès national, tout en envisageant de nouvelles méthodes d’innovation en interagissant davantage avec la société.

Un  Aggiornamento s’impose!

De son côté, Abdelfattah El Belamachi, professeur à l’université Cadi Ayyad de Marrakech, estime que le renouvellement des élites requiert la mise en  place d’une nouvelle culture politique. En d’autres termes, les formations  politiques sont obligées de faire leur aggiornamento afin de se mettre au diapason de l’ère du temps.

Le conférencier a ainsi fait remarquer la domination d’un modèle d’organisation qui privilégie la «culture du Zaîm» au sein des formations politiques.

De surcroit, El Belamachi s’est penché sur une certaine tendance qui prévaut au sein de la société visant à  banaliser le rôle des partis politiques, sans oublier la consécration d’une culture clientéliste au sein des partis et qui a comme base les réseaux familiaux. Evidemment,  un tel constat  a poussé les jeunes à prendre leur distance par rapport à l’action politique, explique-t-il. «Auparavant, les partis politiques étaient des agents  d’intermédiation par excellence entre l’Etat et la société, acquis aux revendications des citoyens. Aujourd’hui, la donne a changé, étant donné que les formations politiques se sont transformées en des représentants de leurs militants auprès de l’Etat, reléguant les citoyens au second plan», déclare-t-il.

Le chercheur universitaire a fait remarquer en outre,  la faible production intellectuelle au sein des partis voire l’absence de référentiel idéologique, pourtant indispensable pour l’action politique et même dans l’élaboration des politiques publiques.

Cela étant, les structures des jeunesses partisanes sont appelées à repenser leurs modèles d’organisation pour qu’ils ne  soient pas une reproduction pur jus du parti dont elles relèvent tout en faisant preuve d’audace et d’autonomie en matière de prise de décision. En termes plus clairs, les organisations des jeunesses partisanes doivent remplir le rôle d’un contre pouvoir et se positionner en tant  que force participative dans le champ politique au lieu de se contenter à occuper des positions, indique-t-il.

Développer l’esprit critique

Karim Tej, membre du BP du PPS, a appelé les militants de la Jeunesse socialiste à s’investir davantage dans l’action politique en continuant sur sa lancée pour aller de l’avant, rappelant dans ce sens que cette organisation parallèle a souvent occupé les premiers plans, surtout quand il s’agit la défense des causes nationales, en l’occurrence l’intégrité territoriale du royaume, rappelant dans ce sens les combats menés par la JS et auparavant la Jeunesse marocaine du Parti du progrès et du socialisme.

Il n’y a pas de recettes magiques pour procéder au renouvellement des élites. Toutefois, la logique exige de réunir un certain nombre de conditions préalables, souligne-t-il. «Les organisations de jeunesse partisanes doivent faciliter l’intégration des nouvelles recrues en valorisant leurs compétences».

Aussi,  le militant du PPS a appelé les militants de la Jeunesse socialiste à plus de mobilisation. En termes plus clairs, «l’action militante doit d’abord s’inscrire dans la durée et nécessite une omniprésence  dans tous les espaces sociales au lieu de se recroqueviller sur soi même», indique Karim Tej, avant de mettre l’accent sur le fait que la démarche de recrutement, à  lui seul n’est pas suffisant, s’il n’est pas accompagné de formation approfondie. Et ce n’est pas tout. Le membre du Bureau politique du PPS a, en sus de cela, appelé les membres de la jeunesse socialiste à se départir de certaines idées reçues concernant la formation et le recrutement des jeunes. Selon lui, il est vrai que les nouvelles technologies ont bouleversé les modes d’actions politiques, mais cela ne signifie nullement qu’il faut écarter les moyens traditionnels tels que les cercles de débats, les meetings, le contact direct avec les jeunes, les conférences, entre autres.

Au final, Karim Tej a souligné l’importance du développement de l’esprit critique chez les jeunes, et l’élargissement de l’espace de liberté, condition sine qua non pour assurer leur socialisation politique et les réconcilier avec l’action politique, conclut-t-il.

Khalid Darfaf

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