Conflit israélo-palestinien :Une alternative nommée Marwan Barghouti ?

Attendons pour voir…

Le conflit qui oppose, depuis le 7 Octobre dernier,  le Hamas à Israël, semble s’installer dans la durée après que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou ait clairement déclaré, en dépit des critiques qui fusent de toutes parts, que l’Etat hébreu se prépare à assurer la sécurité dans la bande de Gaza donc à prendre en charge la gestion de ce territoire en l’annexant purement et simplement, en chassant les palestiniens, en y installant des colons israéliens et en ouvrant, ainsi, la voie à davantage de violences et de tragédies.

Pour marquer son opposition à une telle initiative, Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne a fait part au chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, de la volonté de l’Autorité palestinienne de gérer la bande de Gaza à la place du Hamas.

Il va de soi qu’après avoir soufflé sa 87ème bougie, le dirigeant palestinien serait prêt à passer la main. Mais à qui pourrait-il remettre le témoin si le plus populaire de ses potentiels successeurs – à savoir, Marwan Barghouti, 64 ans – croupit dans les geôles de l’Etat hébreu après avoir été condamné à cinq peines à perpétuité pour le meurtre de cinq personnes et pour son soutien au terrorisme même s’il n’a jamais cessé de clamer son innocence depuis son procès en 2002.

Resté proche de ses compatriotes, avant son incarcération, sans jamais se retrancher dans les coulisses du pouvoir et en s’exposant toujours au prix de sa liberté, Marwan Barghouti reste convaincu de la nécessité d’une solution pacifique entre la Palestine et Israël qu’il se permet même d’appeler « notre futur voisin ».

Ayant été une des figures majeures de l’initiative qui avait pris l’appellation de « paix négociée », Marwan Barghouti avait été sans concession envers Israël qu’il enjoignait de mettre fin à l’extension des colonies conformément aux accords d’Oslo mais, en s’enlisant, ces négociations avaient poussé les Palestiniens à se soulever.

En prenant la tête de cette « 2ème Intifada » qui condamnait l’occupation militaire, la confiscation des terres palestiniennes et les agressions de civils, Marwan Barghouti fut arrêté, en 2001, à Ramallah, lors de l’opération « Remparts » et transféré en Israël.

Mais en allant à l’encontre des dispositions des accords d’Oslo qui attribuaient à l’Autorité palestinienne, une compétence exclusive sur Ramallah, l’arrestation de Marwan Barghouti, dirigeant et élu palestinien, est un faux pas de la part de l’Etat juif car elle a fait de ce prisonnier un héros, voire même une légende, au fil des années.          

Ainsi, son engagement sans faille fait de lui le candidat idéal pour la reprise en main de l’Autorité palestinienne après le départ de Mahmoud Abbas mais encore faut-il que l’Etat hébreu consente à lui faire quitter la prison où il croupit depuis 20 ans alors même qu’il est un prisonnier qui constitue un danger pour Israël du fait de sa grande capacité à fédérer le peuple palestinien, de son aptitude à porter un véritable projet pour la Palestine à même de contrer l’expansionnisme israélien mais aussi car, du fond de sa cellule, il était, quand même, parvenu à sensibiliser plusieurs députés de la Knesset à l’hypothèse de sa libération qui est également demandée par le Hamas en dépit de leurs divergences.

N’oublions pas, par ailleurs, que même en étant derrière les barreaux, Marwan Barghouti avait pu créer, avec d’anciens membres du Fatah, le parti de la « Liberté », à se présenter aux législatives de 2006 puis à lancer, par la suite, l’idée d’un gouvernement de coalition et même d’entamer une médiation entre le Fatah et le Hamas.

Tous ces atouts faisant, aujourd’hui, de Marwan Barghouti la seule personnalité palestinienne apte à faire taire les canons et à ramener, à cette région, cette paix que les chancelleries du monde entier appellent de tous leurs voeux, attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAAD

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