Des conditions inhumaines des ères révolues

Secteur agricole dans le Souss

Saoudi El Amalki

Il est bien évident que la capitale du Souss renferme, dans ses environs, une forte activité agricole, notamment une expansion export des agrumes, primeurs et légumes, avec une importante utilisation des technologies les plus poussées.

Sur de vastes étendues, des opérateurs aussi bien nationaux qu’étrangers impriment à la région une large pression, en générant un déficit des ressources hydriques, en particulier au niveau de la nappe phréatique dont les forages atteignent d’effroyables profondeurs.

Si cette économie connaît des prouesses notoires en termes de revenus et d’essor tant régional que national, cette activité florissante révèle, toutefois, des agressions affreuses sur le plan social et humain, en raison de l’exclusion et l’exploitation dont sont victimes les ouvrières et les ouvriers des différentes zones agricoles du périmètre de Chtouka Ait Baha et de Taroudant.

En effet, la classe laborieuse dans ces régions souffre le martyre avec des propriétaires de l’ère féodale qui ignorent les plus élémentaires des droits légitimes, sans que les autorités sécuritaires ni les administrations statiques concernées, notamment l’inspection de travail, ne pipent mot.

Dans ce sens, les exemples ne manquent pas et pullulent, en fait, dans les multiples sociétés et groupes agricoles de la région. Il faut souligner que les prolétaires déploient une lutte farouche contre toutes les formes de paupérisation et d’étouffement qu’exerce le patronat avec la complicité de leurs protégés.

La majorité des sociétés agricoles, en particulier étrangères mènent une campagne sans merci contre les syndicalistes pour contrecarrer la dynamique syndicale, ainsi que les militants de la presse nationale, afin de  dissuader les réclamations des ouvriers à faire respecter le code de travail, la décence, la  dignité et l’amélioration des conditions de vie.

En effet, plusieurs ouvrières et ouvriers responsables des syndicats sont exposés continuellement au licenciement pur et simple, au su et au vu des autorités locales et des décideurs de l’inspection de travail.

En plus du transport aux unités de production, des ouvrières dans des pickups, entassées comme du «bétail», sans aucune protection ni scrupule. Nombre de véhicules sont exposés aux accidents mortels, du fait de ces actes inhumains et périlleux. De même, les accords entre direction et syndicat ne sont pas toujours conclus par les sociétés agricoles, notamment:

1- La régularisation de la prime d’ancienneté et des heures supplémentaires par effet rétroactif depuis l’entrée en vigueur du code du travail.

2- La régularisation de la situation des ouvriers vis-à-vis de la CNSS depuis le début de leur activité au sein du groupe.

3- L’attribution de la prime de scolarisation à tous les ouvriers et ouvrières de la société comme convenue avec l’administration du groupe, la fin de la campagne précédente.

4- L’application  du Code du travail en matière de protection des ouvriers et la création de services médicaux.

5- L’application   du code du travail en matière de protection de la maternité  et la création de garderies pour les enfants de salariées travaillant dans l’entreprise.

La masse ouvrière ne fait que  protester, donc, contre la politique oppressante et anti-sociale de l’administration dans plusieurs entreprises  agricoles dans le Souss et tient à défendre fermement ses droits usurpés. Le dialogue social engagé  durant les campagnes agricoles est souvent rompu et violé.

Les représentants de l’administration engagent une lutte enragée contre   les syndicalistes et les journalistes de la région. Les réunions du dialogue qui sont exigées par la loi n’ont jamais lieu. D’autres syndicalistes sont licenciés pour des raisons non valables.

Face à cette situation, le syndicat des ouvriers a l’habitude de tenir plusieurs mouvements. Les syndicalistes exigent le respect de la dignité des ouvriers et le respect du droit syndical au sein des fermes des unités de conditionnement, et l’ouverture d’un dialogue sur les problèmes posés. Il est bien clair que le développement du secteur agricole passe inéluctablement par la promotion des ressources humaines à travers le respect des engagements et la préservation des droits.

Les manifestants expriment leur colère contre les institutions compétentes de l’Etat et les autorités sécuritaires pour leur suspect mutisme, leur incapacité de résoudre les problèmes en suspens de la classe ouvrière et leur dérobade des responsabilités en face de l’entêtement du patronat de ces entreprises et établissements concernés.

Il est à signaler enfin que la situation des ouvriers agraires, en particulier de la province Chtouka Ait Baha, est constamment en ballotage à cause du non respect des lois en vigueur et du dépassement dont font l’objet les droits et les intérêts légitimes du prolétariat qui constitue une force de production considérable.

Ces transgressions des règlements régissant les rapports patronat/prolétariat s’accomplissent malheureusement dans l’indifférence des autorités et des organismes étatiques censés faire respecter les lois et protéger les ouvriers contre tout abus. Le cas de Chtouka Ait Baha où l’agriculture d’exportation prospère est particulièrement criard, depuis que les patrons des sociétés marocaines et étrangères, motivés par la complicité des responsables en question, continuent à violer tous les accords et les lois en vigueur, plus spécialement le droit à l’affiliation syndicale, à la manifestation, à la revendication, à la dénonciation de la presse…

En dépit de la mise en avant d’une Constitution plébiscitée par la majorité des marocaines et des marocains, ces hors la loi sont toujours nostalgiques des ères révolues parqués par la tyrannie et la répression.

Les autorités locales sont appelées à sortir de leur léthargie honteuse, cesser de faire preuve de complaisance et de laxisme à l’égard du patronat et rétablir les droits légaux des ouvriers, conformément aux actuelles dispositions constitutionnelles pour éviter toute fracture sociale.

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