Des questions de gauche… : Une utopie qui a de l’avenir

Il y a quelque chose comme un bruissement d’espoir dans le paysage politique, dans sa sphère de gauche notamment. Ici et là, des signes ramènent au devant de la scène publique le rôle de la gauche, la question de son union et de ses alliances politiques…

D’éminentes personnalités politiques nationales (MM Nabil Benabdellah, Mohamed El Yazghi…) ont abordé en effet le sujet, suscitant l’intérêt de l’opinion publique, relançant le débat et surtout engageant sur la voie de l’espoir. Avec les vœux du nouvel an…il sied de positiver.

Certes, la conjoncture nationale se prête à des débats de telle envergure ; l’année qui commence est celle d’un rendez-vous politique majeur, le renouvellement de la première chambre avec tout ce que cela charrie comme questions de programmes, de tactiques et de strétgie…Sauf que pour la gauche au-delà du teste grandeur nature que constitue ce nouveau rendez-vous électoral, les questions sont davantage fondatrices. Inhérentes à son identité même, voire à sa survie comme entité spécifique. Depuis quelques années, la gauche à travers le monde, navigue dans un paysage post-apocalyptique. Nous avons assisté depuis la fin du siècle dernier à un changement de paradigme avec des mutations qui sont devenues des métamorphoses.

Le nouveau siècle est né avec l’annonce de« la fin de l’histoire », énoncé qui trouve son argument justement dans le triomphe du modèle démocratique issu du libéralisme. Triomphe illustré également par la reconversion d’anciens mouvements dits révolutionnaires aux thèses de la démocratie représentative: les urnes paraissent aujourd’hui comme l’horizon incontournable de la modernité politique. La question de la légitimité politique se tranche dans le débat public est à travers le suffrage universel.

Mais aujourd’hui le tableau n’est pas brillant. Ce sont justement les aspects où la démocratie, au sens dominant actuel, qui donnent des signes d’essoufflement. Ce qui pose des questions délicates aux socialistes: comment sauver la démocratie dite « bourgeoise » par les moyens de la démocratie? Tâche rude. Les urnes ne mobilisent plus les citoyens. L’abstentionnisme est devenu désormais une donne structurale du jeu électoral. Les élections municipales, un scrutin de proximité par excellence ont enregistré un nouveau record d’abstentions; près de la moitié des électeurs n’a pas fait le déplacement. Partout, dans les grandes démocraties comme dans les pays en période de transition, un vent de scepticisme souffle sur les urnes.

On peut ajouter à cela les scandales des affaires qui ont terni l’image du mandat politique.

C’est un goût amer qui reste dans l’âme quand on envoie des figures tomber à coup de scandales de nature diverse. Les urnes ne sont plus ni un moyen de contrôle citoyen ni un vecteur de renouvellement des élites.

On peut y ajouter aussi l’éclatement de la fameuse notion de la séparation des pouvoirs. La démocratie représentative est née avec le principe de l’existence de trois pouvoirs majeurs, législatif, exécutif et judiciaire. Tout le progrès démocratique est le fruit d’un savant dosage entre leurs prérogatives. Aujourd’hui cela ne veut plus rien dire. D’autres pouvoirs sont entrés en jeu et exercent une véritable souveraineté: le pouvoir économique, le pouvoir technologique et surtout le pouvoir financier. C’est la Bourse qui mène le monde aujourd’hui. Il y a en outre l’irruption du pouvoir médiatique avec l’ampleur prise par les réseaux sociaux numériques dans la constitution des nouvelles opinons publiques.La notion de citoyen change, il y a un nouveau sujet «politique» : chacun est devenu son propre éditorialiste !

Attention, il ne s’agit pas d’être fataliste! Il y a encore de la place pour l’imagination; pour la gauche, c’est bien au contraire le début d’une nouvelle histoire, pour forger un nouveau projet politique de civilisation, débarrassé des archaïsmes d’un progressisme déterministe et mécanique. L’occasion de ce débat sur l’union de la gauche et du devenir de la gauche au Maroc doit aller au-delà des questions de programmes pour redonner à notre jeunesse, à notre pays un idéal politique qui donne sens à la vie et qui réhabilite le sens de l’engagement. Pour la gauche, il s’agit de promouvoir de nouvelles idées, forger un nouveau langage pour parler à son public qui a retrouvé refuge dans internet : un public jeune, divers, différent, frondeur certes mais riche de potentialités et prêt à s’enthousiasmer !!!

Mohammed Bakrim

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