« La mer au loin » de Saïd Hamich Benlarbi
DNES à Marrakech: Mohamed Nait Youssef
Saudade. Saudade. « La mer au loin » de Saïd Hamich Benlarbi est un film sur l’exil, l’exil intérieur, le déracinement, le déplacement et la quête de soi. Ce mélodrame projeté dans le cadre de la compétition de la 21ème édition du festival international du film de Marrakech a créé un émoi. Cette œuvre cinématographique tourne autour de l’identité, de l’altérité, mais aussi de la mélancolie.
Dans « La mer au loin », le réalisateur nous plonge non seulement dans la misère des immigrés clandestins, mais aussi et surtout dans les tréfonds de leurs vies intérieures et ontologiques à travers une lumière contrastée et des plans rapprochés, parfois serrés. Saudade. Saudade. À Marseille, des jeunes, venus de différents territoires maghrébins à la recherche de l’eldorado ou d’une nouvelle terre promise, se retrouvent face à une réalité dure et complexe. Mais la musique, plus précisément le Rai les unissent. Le Rai est un personnage à part entière dans le film, un personnage clé auquel le réalisateur a su lui donner une singularité, à l’instar des personnages, notamment secondaires. Un peu comme le fado, le Rai des années 90, sortant des tripes, apporte un air à la fois nostalgique et mélancolique au film. Dans « La mer au loin », l’humain est au centre de l’œuvre cinématographique : ses espoirs, ses angoisses, ses amours, ses désamours, ses réflexions, ses d’espoirs et ses quêtes infinies.
De Oujda à Marseille, Nour, incarné par talentueux Ayoub Gretaa, a traversé les vagues agitées d’un vécu complexe où l’exil, et l’altérité changent les sorts des personnages ayant tout laissé derrière leurs dos. « La mer au loin » raconte des vies par des images, des lumières et des chansons. Le mal de mer, tel que l’on le voit dans une séquence du film, lorsque Nour était de retour à ville natale, Oujda, après une longue absence, témoigne de cette douleur profonde, insaisissable peut-être, mais qui se dégage des yeux de chaque personnage. De Oujda à Marseille, Nour cherche une place au soleil. Son vécu n’était pas facile, mais la mer console, panse les plaies, concrétise rêves et enterre des vies. C’est le lieu de tous les drames et les aspirations.