Deux à trois semaines pour passer les examens de rattrapage !

Après 6 mois de grève aux facultés médicales publiques

Mohamed Khalil

En principe, c’est ce vendredi, dans l’après-midi, que la Commission nationale des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie du Maroc (CNEM) devra signer, au siège du ministère de tutelle, un protocole d’accord mettant « fin » à 6 mois de grève dans les 9  facultés médicales publiques du pays.

Mais, seul bémol, la programmation des examens de rattrapage pour la période allant du 26 juin (soit dans une semaine) au 10 juillet (soit encore 2 semaines de plus…). Car si un consensus a été trouvé sur l’une des principales revendications des étudiants sur le maintien des 7 années d’études, sachant que le choix est laissé à chaque étudiant d’opter pour 6 ou 7 années !

Mais le principal point négatif de l’accord en cours de signature demeure la question de la préparation des étudiants aux sessions de rattrapage, alors que les cours avaient été séchés depuis la mi-décembre de 2023…

Dès lors, quelle valeur auront les examens et sur quelles bases les questions seront-elles formulées ? Or, il est indéniable que l’immense majorité des étudiants, qui étaient en grève non stop, n’ont nullement pensé à se préparer, en parallèle, à leur formation et aux examens…

C’est l’une des principales questions que les parents des étudiants se posent aujourd’hui…

Aujourd’hui, l’opinion publique marocaine suit encore avec énormément d’inquiétude, le bras de fer engagé par le gouvernement contre des étudiants qui ne voulaient que comprendre sa méthodologie, d’être informés régulièrement et efficacement, alors que le gouvernement avait fait le choix de laisser pourrir la situation et d’ « éduquer les étudiants »… sic

Car la crise au sein des facultés de médecine et de pharmacie a atteint, avec le temps, son paroxysme. La nonchalance et la négligence avec lesquelles le gouvernement a traité la question de la suppression d’une année sur la durée de formation des médecins a abouti à la situation de blocage que les deux ministères de tutelle n’avaient pas fait éviter à cause de la sourde oreille et du manque de communication et de dialogue avec les étudiants et encore moins avec les enseignants.

Aujourd’hui, et sur le tard, tout le monde se rend compte de la complexité de la situation.

Après des mois de grève et de protestation, les étudiants en médecine et pharmacie ont décidé de sauver ce qui peut se sauver et ne pas faire le jeu du gouvernement. La voie est ouverte, selon la CNEM, pour la signature d’un accord avec le gouvernement. Un terrain d’entente après bien des épisodes malheureux, avec des étudiants qui ont manifesté régulièrement contre la réforme de leur cursus d’études et notamment contre la réduction de leurs études de 7 à 6 ans. 

Au fond, ce sont la qualité de la formation et l’élargissement de la base du stage, qui attendaient une clarification de la future forme de formation dans le domaine de la médecine au cours des prochaines années, afin que les étudiants aient une vision claire de leur avenir académique.

La politique du « laisser pourrir »…

Mais la manière avec laquelle le gouvernement et le ministère de tutelle a géré la crise dans les facultés médicales témoigne du peu de souci qu’il accorde à la bonne marche de la société marocaine, à l’importance de la santé dans la vie de la nation.

En témoignent les diverses tergiversations et fuites en avant auxquelles nous avons assisté tout au long des six mois de grève.

Le ministre de tutelle a tenu, récemment, un langage de menaces et de mises en garde même devant le Parlement. Il était catégorique : « il n’y aurait pas de cours de rattrapage », avait-il martlelé, préférant la poursuite du bras de fer engagé par le gouvernement contre les étudiants en médecine.

Une attitude ponctué par énormément de silence dans l’espoir de faire pourrir la grève en tablant sur un imaginaire sursaut de conscience de la part d’une partie des étudiants.

Et  aujourd’hui ?

Y a-t-il une solution qui se profile à l’horizon ???

Il faudra dire, sincèrement, que l’année universitaire est perdue.

Car nous n’imaginons pas comment, à défaut de cours de rattrapage, comment les examens programmés durant la fin du mois et le mois de juillet (soit dans une semaine)

Ainsi, ce sont les 24 000 étudiants des 9 facultés de médecine publiques (Rabat, Casablanca, Marrakech, Fès, Oujda, Tanger, Agadir, Laâyoune et Guelmim) qui paieront les pots cassés par un gouvernement complètement déconnecté, notamment à travers ses deux ministères de tutelle : les départements de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé.

Nominativement, ce sont le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, et les ministres Ait Taleb et Abdellatif Miraoui qui sont dans le collimateur

Les futurs médecins marocains ont régulièrement manifeste le désir de trouver une solution consensuelle.

Une « victoire » à la Pyrrhus

Six mois n’ont pas suffi à ce gouvernement et à ses deux ministres, outre au chef de l’Exécutif, pour construire un consensus et clore, de manière anticipative, sans retard, et définitivement ce chapitre.

Pour rappel encore, les principaux points de contestation sont, entre autres, la réduction des années d’étude et l’expansion des terrains de stage hospitalier.

A l’instar du gouvernement en matière de lutte contre la cherté de la vie et le monopole larguant d’avoir accompli à mi-mandat son programme gouvernemental quinquennal (sic), les ministres, eux, ont trouvé la réponse : « Nous répondu à environ 45 des 50 demandes présentées par les étudiants »… Vilains et irréductibles ces étudiants maximalistes et extrémistes qui font leur la devise du « tout ou rien »
Le plus important demeure un accord sur les deux principales revendications :

 Le gouvernement a choisi de gagner le temps, tablant sur un abandon de la part des étudiants et d’une reprise des cours qui n’a pas eu lieu… durant 6 mois… Et là on veut résoudre à la sauvette. Triste attitude.

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