Echange croisé autour de « la crise du politique, ses causes et ses perspectives »

Dans le cadre de la célébration du 80ème anniversaire de la fondation du PPS

Par Jamal-Eddine Felhi

Le Parti du Progrès et du Socialisme a organisé, mardi à Casablanca, une rencontre autour de la question de « La crise du politique, ses causes et ses perspectives » à laquelle ont pris part Karim Tej, membre du bureau politique du PPS, Abdeljabbar Rachidi, membres du comité exécutif du Parti de l’Istiqlal, et Abdelhamid Jmahri, membre du bureau politique de l’Union Socialiste des Forces Populaires.

Cette rencontre, animée par le journaliste et chercheur en sciences politiques, Younes Maskine, et organisée dans le cadre des activités célébrant le 80ème anniversaire de la fondation du PPS, a enregistré une forte présence de membres dirigeants et de militants des partis politiques susmentionnés ainsi que du Parti de la Justice et du Développement (PJD). C’était l’occasion pour les intervenants, qui ont été unanimes à souligner la crise que connaît la relation du citoyen marocain avec la sphère politique en général, de tenter d’examiner les causes de ce phénomène auquel n’échappe pas, non plus, la presse nationale, comme l’a souligné à l’ouverture de la rencontre le secrétaire général du PPS, Mohammed Nabil Benadallah.

« La situation que vit la presse au Maroc n’est pas très différente de celle du politique », a d’emblée affirmé Nabil Benabdallah avant de relever l’importance que constitue cette rencontre qui réunit les représentants du PI, de l’USFP et du PPS. « Un événement qui ne s’est pas produit depuis longtemps, bien que les liens de dialogue entre eux aient toujours été maintenus » et qui intervient aussi au lendemain d’un autre fait important, à savoir la récente rencontre avec le Premier secrétaire de l’USFP, Driss Lachguar, et la mise en place d’une commission mixte de travail entre les deux partis, a-t-il enchaîné. 

Revenant sur le thème de la rencontre, il a estimé qu’il était « temps de mettre les points sur les i » et de réfléchir à la crise du politique, qui « nous interpelle tous, et de nous interroger à ce sujet mais aussi d’interpeller l’Etat. Est-il possible de continuer sur cette voie ? ». Pour lui, c’est une situation qu’il faut absolument redresser dans un avenir proche, au cours des trois prochaines années pour « réconcilier le citoyen avec la politique », notamment dans la perspective des prochaines échéances électorales, et pour une application saine de la constitution de 2011.

Abondant dans le même sens, Abdelhamid Jmahri a souligné que la crise du politique est en réalité une question existentielle pour les trois partis, qui ne peut être résolue qu’avec l’avènement de l’Etat social. « Ceux qui ont défendu l’idée de l’Etat social ne sont pas ceux qui ont remporté les élections », ce qui est une anomalie, a-t-il rappelé, dénonçant, par ailleurs, « le mariage incestueux entre l’argent et le pouvoir », les multiples conflits d’intérêts ainsi que le fait que la politique soit considérée par certains comme une source d’enrichissement, de même que d’autres pratiques contraires à l’éthique qui font que les citoyens se détournent de la politique.

A ce propos, il n’a pas manqué de souligner la nécessité de mettre en œuvre la disposition constitutionnelle relative à la reddition des comptes à même de rétablir la confiance entre le citoyen et la politique, notamment les institutions élues.

Pour l’istiqlalien Abdeljabar Rachidi, qui a exposé les résultats d’un récent sondage crédible, il existe chez les citoyens une réelle absence de confiance surtout envers les institutions élues et les partis politiques. Il a cependant estimé que la crise du politique ne concerne pas seulement le Maroc, mais aussi d’autres démocraties, en raison notamment de l’émergence de nouveaux acteurs d’intermédiation, grâce aux réseaux sociaux et de la propagation des discours populistes.

Quant à Karim Tej, il a estimé qu’il existe une véritable volonté d’affaiblir les partis politiques à travers, entre autres, les médias, les dispositifs électoraux, mais que « nos partis disposent d’une certaine capacité de résistance ».

Il a, en outre, dénoncé la politique de « la sourde oreille du gouvernement envers l’opposition » et « l’absence d’un dialogue sérieux » alors que le pays connaît diverses tensions en lien, notamment, avec la crise de l’enseignement, la hausse vertigineuse des prix, en plus des problèmes que vit la presse nationale et le recul qu’a connu le Conseil national de la presse, l’institution d’autorégulation des journalistes, par la mise en place d’une commission provisoire « catastrophique ». In fine, KarimTej a rappelé qu’il s’agit d’une lutte continue pour la démocratie.

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