C‘est un rôle moteur que le Maroc a à jouer et il le fait déjà. Sa stratégie énergétique lui permet de se positionner sur les marchés internationaux. A fin 2015, le Maroc a gagné 4 points dans le classement du cabinet d’audit Ernst&Young sur les marchés du monde les plus attractifs en termes d’investissements dans les énergies nouvelles. Il est, en effet, dans le top15 des pays les plus attractifs, avec un total de 2 milliards de dollars, soit près de 20 milliards de DH investis en 2015. Cependant, les opportunités d’investissements pour les opérateurs privés, nationaux et internationaux, offertes par la stratégie énergétique sont encore plus nombreuses. Le ministre de tutelle les évalue à 37 milliards de dollars. Le plus gros (35 milliards) concerne la filière électricité et énergies renouvelables. Le reste porte sur les infrastructures gazières.
L’attractivité du Maroc s’explique par plusieurs facteurs dont les ressources naturelles dont il dispose. Avec des ressources solaires abondantes estimées à 2.600 kWh/m2/an et une position stratégique au cœur d’un carrefour énergétique, le pays offre de réelles opportunités dans le secteur de l’énergie solaire thermique et photovoltaïque, notamment avec le lancement du projet marocain de l’énergie solaire et le programme de développement du marché marocain des chauffe-eau solaires. Au-delà des capacités naturelles, l’attractivité du Maroc s’explique aussi par l’adoption des contrats IPP (Independent Power Production) qui garantissent un meilleur partage des risques entre l’Etat, les opérateurs privés et les bailleurs de fonds. Sur ce point, le ministre insiste sur le rôle de l’Etat qui supporte les contraintes financières liées au développement des projets d’énergie solaire à concentration CSP. Il cite le cas du complexe de Ouarzazate, Noor, dont le coût du KWh est largement supérieur au coût moyen de vente de l’électricité au Maroc. Cette centrale, dont le coût total s’élève à 7 milliards de DH, a bénéficié du financement des bailleurs de fonds par le biais de prêts concessionnels grâce au soutien et la garantie de l’Etat.
Aujourd’hui, le défi est de capter plus d’investissements. Abdelkader Amara insiste sur la mise en place de politiques innovantes pour promouvoir l’investissement privé, notamment, eu égard aux contrats d’achat d’électricité à long terme. Il appelle également les bailleurs de fonds à jouer pleinement leur rôle de catalyseurs d’investissement. Les institutions financières se sont déjà engagées sur cette voie. En effet, la Banque africaine de développement et le Clean Technology Fund ont participé respectivement au financement à hauteur de 197 millions de dollars et de 168 millions d’euros. Pour sa part, la Banque mondiale a financé, sous forme d’aide budgétaire, le différentiel entre le prix d’achat de l’électricité par MASEN et son prix de revente à l’ONEE, évalué à 200 millions d’euros.
En plus de booster les investissements privés, il faudra également renforcer le rôle de l’industrie locale qui se limite encore aux petites manœuvres, notamment les activités liées à la production de panneaux et supports métalliques, d’équipements électriques et câbles et au transport de matériels.
Hajar Benezha