Entre Fidel Castro et Ernesto «Che» Guevara, un rêve commun…

Le décès de Fidel Castro a tout de suite ramené aux mémoires la célèbre photo de son compagnon de toujours et plus fidèle allié Ernesto Che Guevara, celui avec lequel il s’était lié d’une profonde amitié après qu’il l’ait rencontré à Mexico en Juillet 1955. Mais que faisaient les deux hommes au Mexique à ce moment-là?

Si Ernesto Guevara, jeune médecin argentin, y était venu pour s’y réfugier après avoir assisté au renversement par la CIA du gouvernement guatémaltèque de Jacobo Arbenz Guzman en 1954, Castro, quant à lui, venait tout juste d’être libéré du pénitencier de l’île des Pins après son arrestation à la suite de l’attaque de la caserne La Moncada à Santiago de Cuba le 26 Juillet 1953 ; une attaque qui fut un cuisant échec puisque ceux qui n’y ont pas perdu la vie ont été emprisonnés. Parmi ces derniers se trouvait Fidel Castro qui a été condamné à 15 ans de prison. Mais relâché deux ans après, ce dernier alla au Mexique où il créa son fameux « Mouvement du 26 Juillet » (M-26-7), un groupuscule d’obédience marxiste-léniniste.

Partageant le même rêve de changer la face du monde en émancipant les peuples, les deux hommes se sont tout de suite liés d’amitié.

Quand Fidel Castro a fait part, à son interlocuteur, de son désir d’expulser du pouvoir de La Havane le dictateur Fulgencio Batista, inféodé au régime des Etats-Unis, et de l’expédition qu’il préparait, à cet effet, avec son frère Raul, le jeune médecin Ernesto Guevara, qui s’est immédiatement porté volontaire, a embarqué en Novembre 1956 à bord du Granma, un yacht qui transportait près de 80 guérilleros.

Le débarquement a eu lieu le 2 décembre 1956 après qu’une météo insupportable ait fait échoué le bateau alors que la douzaine de guérilleros qui était parvenue à échapper aux tirs de l’armée de Batista prit position dans la Sierra Maestra, une chaîne de montagnes à l’accès peu aisé d’où une première offensive sera lancée contre un détachement de l’armée régulière stationné à La Plata. Ce fut là le déclenchement d’une guérilla qui durera 25 mois et qui aboutira le 31 décembre 1958 à la fuite de Batista vers Saint-Domingue. Pour contrer la vacance du pouvoir à la Havane et l’avancée de la révolution castriste, les Etats-Unis s’empressent de placer leurs pions. Ainsi, Carlos Piedra, juge à la Cour Suprême de Cuba, sera nommé Président par intérim par les autorités américaines mais n’y restera que quelques heures puisqu’il en sera chassé par les «barbudos», ces soldats de la révolution cubaine qui entrèrent à La Havane le 2 janvier 1959.

Fidel Castro nationalise immédiatement ces secteurs-clés de l’économie cubaine que sont l’énergie et l’industrie sucrière et le 9 Janvier 1959 nomme l’avocat Manuel Urrutia à la Présidence du pays tout en gardant pour lui le poste de Premier Ministre.

Il érige, alors, Ernesto Guevara au rang de « procureur suprême » en charge des procès intentés à l’encontre des agents de l’ancien régime de Batista avant de lui demander de prendre la tête de l’institut national de la réforme agraire puis, par la suite, de diriger la Banque Centrale ce qui lui vaudra de se trouver au cœur du contentieux entre Washington et La Havane qui servira de prélude à l’embargo qui sera décrété contre Cuba en 1962, qui dure encore bien que très légèrement assoupli sous l’ère du Président Obama et qui avait  jeté La Havane dans les bras de Moscou.

Nabil El Bousaadi

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