Être Président (e)

Malgré l’euphorie qui semble marquer les relations des enseignants chercheurs, à travers leur syndicat national, le SNESup, et leur ministère de tutelle pour des raisons qui touche au statut des enseignants chercheurs et à l’arlésienne de réforme qui ne veut point apparaître dans les faits, il reste que la dignité de la personne humaine, et celle de l’enseignant en l’occurrence, ne peut être ricanée sans réaction.

Ce propos a pour cause le report à la hussarde des entretiens prévus dans le cadre de la désignation d’un président d’une université. Il faudrait déjà signaler que le temps a été trop pris pour cette entreprise. Quelques six mois ont fallu, de l’annonce et la publication dans le bulletin officiel de l’appel à candidatures vers mi-avril à la convocation devant « la commission chargée d’étudier les candidatures au poste de président d’université » fin octobre. Les entretiens sont enfin programmés et les candidat(e)s sont avertis dans un contexte où le parasitage n’est pas absent.

Le jour même, aux lieu et moment de passer l’entretien pour certains, quelques heures avant pour d’autres, le report est annoncé sans explication ni égards. Un autre rendez-vous est transmis sans au moins évoquer « des circonstances indépendantes de la volonté » qui ont imposé le report.

Les postulant(e)s au poste de président d’université ont auparavant travaillé pour présenter un dossier de candidature où ils développent leurs approches concernant la gestion administrative, le suivi pédagogique, l’évolution de la recherche et la promotion de l’université en question dans son contexte local, régional et international. Une fois la candidature formalisée, ils ont dû attendre que l’annonce des entretiens devant une commission ad-hoc soit annoncée. Cela créée du stress en plus de leurs préoccupations professionnelles et personnelles. Ils se programment et prennent les précautions nécessaires pour être « à point » au moment de la « soutenance » de leur projet. Qu’on les renvoie à plus tard sans préalable, cela crée des désordres dans leur organisation quotidienne, voire mensuelle, dont ils ne sont pas toujours maîtres.

Le parasitage, déjà assourdissant, qui a accompagné cette nomination à un poste de responsabilité au sommet de l’université, donne une image de celle-ci qui n’est pas en faveur de la société du savoir, et de ses valeurs, que l’on ambitionne. Est-il le reflet de la dégradation du processus démocratique dans son ensemble ou est-il le fait de bourdonnements électroniques commandités pour faire « trainer les casseroles », diffamer et faire pression afin d’orienter le choix des décideurs ? Quoiqu’il en soit, la sérénité est entamée. Et, malgré le conclave organisé pour mettre la commission chargée d’étudier les candidatures et d’auditionner les postulants à l’abri, le parasitage a eu raison en suscitant la défection de l’un de ses membres.

A ce sujet, le secteur socioéconomique doit assumer sa responsabilité dans l’évolution de l’université publique. Par la loi, il est représenté dans ses institutions et participe au choix de ses dirigeants. C’est une nécessité et une obligation quand on ambitionne l’ouverture de l’enseignement supérieur sur son environnement socioéconomique. Il reste aux représentants de ce secteur essentiel pour la transformation de notre société de faire œuvre d’utilité en assumant complètement et avec responsabilité et honnêteté le rôle qui leur est assigné. C’est plus efficace que de fuir suite à des pressions, imaginaire ou réelles, qui corrompent le processus de désignation et veulent maintenir la médiocrité.

Au fait, « Être Président d’université n’est pas un métier. ». C’est une fonction qui mature tout le long d’un parcours universitaire et d’une expérience personnelle aux niveaux de la pédagogie, de la recherche, de l’encadrement et de la gestion administrative. Elle est prenante par ses multiples tâches qui vont de la représentation figurative à la résolution de problèmes « très terre à terre », en passant par le suivi de la réalisation des missions assignées et la résolution des problèmes qui leurs sont corollaires. Elle est enrichissante par ce qu’elle permet des relations humaines avec les collègues, les étudiants le personnel administratif, l’autorité, les élus et la demande pressante de la société pour son bienêtre et son développement.

SI, (entre le s et le i de si, beaucoup de choses peuvent se produire ; disait l’autre) l’université marocaine avait trouvé sa vitesse de croisière dans le cadre du développement humain et socioéconomique de notre beau pays, le, la, président(e) de l’université devrait être élu(e) par ses pairs qui reconnaissent en lui, en elle, les qualités requises pour ce faire. Dans l’attente, il est impératif de garder à la fonction son auréole pour que son influence soit déterminante pour faire avancer les choses dans un équilibre dynamique où les bourdons électroniques n’ont aucun effet.

Que le /la meilleur (e) soit choisi(e), car nous sommes tous des marocains du monde, et de là où nous sommes nous aspirons à l’être encore plus, pour contribuer efficacement à la consolidation de notre intégrité territoriale, à celle du processus démocratique dans notre beau pays, à son émergence économique, à sa résilience devant les crises qui s’annoncent et à la transformation bienfaisante de notre société par le savoir et la connaissance.  

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