Faouzi Bensaïdi reçoit l’Étoile d’Or du FIFM pour l’ensemble de son œuvre

Un vibrant hommage à un visage de proue du cinéma marocain

DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef

Un condensé d’émotions. Il est 19h30. Archicomble, la salle des ministres du Palais des congrès de la ville rouge a abrité, mercredi 29 novembre, un vibrant hommage rendu à l’une des voix importantes du septième art marocain et international, Faouzi Bensaïdi. Un quart de siècle de création, le cinéaste talentueux et singulier a reçu des mains de l’artiste qui n’est d’autre que sa compagne de route Nezha Rahil, l’Étoile d’Or du Festival International du Film de Marrakech (FIFM), symbole de reconnaissance suprême du festival. Tout le monde  y était : les artistes, les cinéphiles, les festivaliers… L’émotion aussi. Sur scène ses fidèles artistes tels que Rabii Benjhail, Abdelhadi Talbi, Nadia Kounda, Fahd Benchemsi, Mouhcine Malzi, Hajar Graigaa et Nezha Rahil n’ont pas manqué ce moment historique et si précieux célébrant les 25 années de la carrière riche et brillante du cinéaste. 

 «Tous mes films sont des premiers films »

«Je dédie cet hommage à ma mère… (…) La seule chose pour laquelle Dieu m’a envoyé sur cette terre, c’est le cinéma, et j’en étais moi. Il y a quelque chose dans mon amour pour le cinéma.», a souligné Faouzi Bensaïdi dans son mot émouvant et poétique. Et d’ajouter: «je me suis dis : grandir dans ce pays, et avec ce peuple magnifique, vaut toutes les cinématiques du monde.»

Grand artiste aux multiples talents, le cinéaste a coécrit, en 2001,  avec André Téchiné le film «Loin», une œuvre cinématographique qui a été suivie par deux courts métrages à savoir « Le Mur » à Cannes et « Trajets » à la Mostra de Venise.

«Je n’ai jamais rêvé d’être millionnaire et je ne le serai jamais, car mes films ne font pas des millions d’entrées.  Mais si mes films ne font pas d’entrées, je vous assure que mes films font des sorties, des sorties de route, mes films ne prennent pas d’autoroute, mais ils y brettellent les petits chemins. J’en suis heureux parce que dans  mes films,  il y a des sorties que le spectateur empreinte pour inventer leurs propres films à l’intérieur du mien. Et ça c’est de leur donner la liberté à l’intérieur d’un film.», a-t-il dit.

Avec  «La Falaise», son premier court-métrage, le réalisateur fait sa grande entrée en 1998 dans le monde du cinéma.

«Tous mes films sont des premiers films, car le cinéma ne filme pas les certitudes, le cinéma filme le doute, la faille, l’accident, la faiblesse.», a-t-il affirmé.

La poésie face la cruauté  du  monde…

Faouzi Bensaïdi est un cinéaste qui a une vision, une touche cinématographique propre à lui. Interpellé par le contexte actuel, le réalisateur a déclaré ceci : «Le bruit du monde en ce moment est atroce, douloureux, tragique, rempli de cris d’enfants. Nous vivons dans un monde tragique. Heureusement, il y a les poètes. »

Un clin d’œil à la Palestine. Le cinéaste a partagé ces mots puissants du  poète célèbre Mahmoud Darwich en soutien à ce que vit ce pays en ces moments difficiles.

«J’aimerai ce soir vous offrir, avec amitié de partage des vers du grand poète Mahmoud Darwich.», a-t-il dit.

Une âme raffinée, créatrice et en perpétuel renouvellement

Faouzi Bensaïdi, a confié l’acteur et comédien Rabii Benjhail, est une âme raffinée, créatrice et en perpétuel renouvellement. « Tu es un homme exceptionnel, un grand artiste  qui s’est rebellé contre les normes préétablies du cinéma. Ton audace et ton sens de la liberté ont bouleversé le monde du cinéma puisque tu as consacré ta vie à l’art, au cinéma, à la narration par le son et une image profondément authentique.», c’est avec ces mots que l’acteur a rendu un vibrant hommage au cinéaste. Et d’aouter :  «tu es un homme et un artiste hors du commun qui a renversé les concepts cinématographiques pour exalter les valeurs nobles, ce qui nous rappelle les expérimentations et les courants artistiques, et qui fait de toi un trait d’union entre une génération de précurseurs et des jeunes pionniers qui maîtrisent et renouvellent le langage cinématographique.»

Distingué plusieurs fois, Bensaïdi a décroché, entre autres, les Prix Le Premier Regard et de la Jeunesse à Un Certain Regard à Cannes pour son  premier long métrage «Mille mois». Sans oublier bien entendu son long-métrage «Mort à vendre» (2011) qui a eu le prix Art et Essai à la Berlinale ou encore «Volubilis» qui a décroché 7 prix au Festival National du Film de Tanger.

«Tu représentes dignement le Royaume du Maroc à l’international tenant hautement d’une  part le flambeau du cinéma et d’autre part le drapeau du Maroc.», a rappelé Rabii Benjhail.

«Désert», un western moderne…

L’hommage de Faouzi Bensaïdi a été marqué par la projection de son dernier film «Désert», projeté en avant-première à la 76ème édition du Festival de Cannes dans le cadre de la «Quinzaine des cinéastes». «Désert», 7ème long métrage  du cinéaste tourné dans plusieurs villes marocaines, met en vedette une belle brochette d’acteurs  Fahd Benchemssi, Abdelhadi Talbi, Hajar Graigaa, Rabii Benjhail et  bien d’autres. Western moderne et crépusculaire, «Désert» a plongé le public dans l’univers chaotique, absurde et cocasse de deux personnages problématiques  Mehdi et de Hamid  travaillant pour une agence de recouvrement. Le désert, c’est une errance totale et absolue. Tel était le sort des deux personnages du film ayant sillonné les villages dans les régions enclavées à la recherche des mauvais payeurs. En effet, au milieu de toute cette misère qui entoure le film,  les beaux plans de Bensaïdi nous offrent une sorte de scène de respiration. La quête est ainsi permanente dans le film accompagnant cette urgence du déplacement, de l’inquiétude. 

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