Ce lundi, six personnes ont été tuées et plusieurs dizaines d’autres blessées à la suite de l’explosion d’une voiture piégée et de l’irruption, dans un bâtiment du centre de la capitale afghane, d’un groupe d’hommes armés qui s’étaient mis à tirer «sur tout ce qui bouge»; ce qu’un communiqué de la Maison Blanche a considéré comme étant une «attaque éhontée (qui) illustre le mépris cruel des talibans pour leurs compatriotes afghans qui ont toujours affirmé le besoin urgent de trouver une solution pacifique au conflit».
Et c’est, justement, pour trouver cette «solution», alors même que les Talibans avaient toujours refusé de négocier avec le président afghan Ashraf Ghani, qu’une rencontre aura lieu ce dimanche à Doha au Qatar entre des représentants du gouvernement de Kaboul et des Talibans. Cette nouvelle prise de contact entre les deux parties, alors qu’une précédente tentative de les faire asseoir autour d’une même table avait échoué après un désaccord sur les participants, a été initiée, d’une part, par l’Allemagne qui joue un rôle-clé dans le soutien international au gouvernement afghan et, d’autre part, par le Qatar qui entretient des rapports très étroits avec les Talibans.
Les discussions qui auront lieu entre les deux parties porteront notamment sur le dialogue inter-afghan à l’effet d’asseoir un cessez-le-feu permanent, le retrait des troupes américaines du pays et, enfin, l’assurance que l’Afghanistan ne servira jamais de base arrière à des groupes armés dans le but d’attaquer d’autres pays.
Après que l’Allemagne qui soutient le gouvernement afghan et le Qatar qui a des contacts assez étroits avec les Talibans aient confirmé la tenue de cette rencontre, Markus Potzel, le représentant spécial allemand pour l’Afghanistan et le Pakistan, a déclaré, dans un communiqué, publié par les Etats-Unis, que «l’Afghanistan est à un moment crucial où il a l’opportunité de faire des progrès vers la paix».
Faisant, de son côté, référence aux conflits qui déchirent l’Afghanistan depuis son invasion par l’ex-URSS en 1979, Zalmay Khalilzad, le négociateur américain qui s’est entretenu, à plusieurs reprises avec les Talibans au Qatar, estime, pour sa part, que «s’accepter les uns les autres, chercher le consensus et accepter de résoudre les différends politiques sans violence, est ce que l’on doit apprendre de la tragédie des 40 dernières années».
Or, même s’il consent à retirer ses troupes d’Afghanistan, le président américain Donald Trump reste persuadé que le pays est un «Harvard pour terroristes» et compte, à ce titre, y maintenir une «très forte» présence des services de renseignement américains.
La rencontre de Doha amènera-t-elle, enfin, la paix dans un pays ravagé par quatre décennies d’une guerre dont a payé un très lourd tribut la population civile? Il est encore trop tôt pour l’affirmer mais il n’est pas interdit d’espérer, alors attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi