«La sagesse stipule aujourd’hui de dépasser les discours identitaires, en se focalisant plus sur le concept de la nation, en tant que notion englobante», a indiqué, vendredi à Guelmim, l’écrivain et le penseur marocain Hassan Aourid.
Aourid a précisé lors de cette rencontre organisée par la Ligue Amazighe des Droits de l’homme, sous le thème «l’identité et l’islam politique au Maroc», que la mise en avant du concept de la nation s’avère de nos jours d’une grande utilité, étant donné qu’il est basé sur des éléments objectifs, en l’occurrence la société, la mémoire et le destin communs, au contraire de la notion d’identité, où la question du destin commun est absent à titre d’exemple.
L’écrivain a souligné que l’idée du destin commun, fort présente dans le concept de la nation, fait référence à l’avenir en tant qu’édifice collectif, appelant à s’intéresser également au concept «d’Etat», et à dépasser les discours identitaires à même de menacer la cohésion sociale.
Le concept de «l’identité » réfère d’une manière générale aux caractéristiques distinguant un groupe d’un autre, a relevé le penseur qui explique qu’il y’a trois facteurs derrière l’apparition de discours identitaires à travers le monde.
Le premier, selon Aourid, est «la quête de la reconnaissance», notamment dans les sociétés qui ne reconnaissent pas le fait que certains groupes font partie de leur tissu. Le deuxième est lié à ce que l’écrivain appelle «les cicatrices du mépris» où certains groupes ou ethnies se trouvent en proie à des stéréotypes et des préjugés, et souffrent de la discrimination, comme le cas des Noirs américains lors d’un certain moment de l’histoire.
Quant au troisième facteur, il est lié à «au mépris de l’autre», en le considérant comme étant responsable des maux des personnes portant en eux le discours identitaire, et plaidant pour leurs droits, dans le cadre de la défense de leurs particularités.
Le penseur a averti des conséquences néfastes de l’adoption d’un discours identitaire, rappelant, en ce sens, le cas de certains pays du Moyen Orient, où l’Etat s’est évaporé pour laisser sa place aux communautarismes et aux milices.
Cette rencontre a également été marquée par une séance de dédicace du nouvel ouvrage de l’écrivain, intitulé «L’islam politique sur une balance (le cas du Maroc)», paru en 2016, comprenant 160 pages et s’étalant sur 5 chapitres.
Hassan Aourid est un enseignant – chercheur à l’Université Mohammed V Rabat- Agdal. On lui doit notamment «Occident : Est-ce le crépuscule ?», «L’impasse de l’islamisme», et «le Morisque». Il a également reçu le prix Pouchkine en 2015.
(MAP)