Khalil El Ghrib, homme étrange dont l’œuvre est singulière expose enfin à la galerie d’art «Espace expressions CDG» à Rabat. Une occasion que les admirateurs des arts et de la culture n’ont pas ratée, d’autant que c’est rare que ce peintre énigmatique révèle ses toiles, surtout qu’il refuse même de les vendre. Le vernissage de l’exposition en hommage à l’artiste a eu lieu mardi 31 mai.
La verve de Khalil El Ghri est enrichie de questions existentielles et ontologiques. En faisant son art, il ne cherche rien de matériel, de physique, ni de palpable. El Ghrib imprègne son œuvre d’amour. A vrai dire, l’homme a choisi de rester dans l’ombre loin des lumières du marché de l’art et du milieu des expositions.
C’est avec des objets délaissés, ramassés un peu partout que l’artiste œuvre. Il leur donne une nouvelle vie artistique sur le support ou dans ses installations. Il s’inscrit ainsi en faux contre la société consommatrice qui consomme et jette. Khalil El Ghrib, dans son œuvre questionne l’objet, mais aussi et surtout toute l’immanence d’une société. Il ne dessine pas uniquement, il laisse la trace parler et interpeller le méditant. Sa pratique artistique est d’une maîtrise esthétique créative.
Dans son œuvre comme dans sa démarche, il tisse un lien solide entre soi et l’univers dans cette ville du nord qui l’habite, Assilah. L’âme de cette ville réchauffe ses inspirations, ses paysages et les géométries de son architecture. Ses peintures sont recherchées et la couleur trouve ainsi un sens sur le support qui, à lui seul, est un lieu de révélation et d’aveu.
C’est la voix du silence que l’artiste fait entendre sur le carton ou le papier. C’est la raison qui est invitée à l’écouter. La matière cherche sa poésie dans l’éphémère. Elle bat le temps et court derrière la mémoire et l’oubli.
L’exposition comportant plusieurs œuvres ainsi que deux installations de l’artiste se poursuit jusqu’en août 2016.
Mohamed Nait Youssef