In conversation with… Naomi Kawase

DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef

Naomi Kawase est l’une des plus grandes cinéastes japonaises et mondiales importantes, dont la filmographie est riche et singulière. Native de la ville antique et historique de Nara, la scénariste et réalisatrice japonaise a remporté, en 2007, le Grand prix du festival de Cannes pour son film «La Forêt de Mogari». Elle a également déroché en 2017, le prix du jury œcuménique pour  son film «Vers la lumière». Naomi Kawase qui était membre du jury de la 15ème édition du  Festival international du film de Marrakech, présidé en 2015 par le grand cinéaste et scénariste américain Francis Ford Coppola, a renoué le lien avec le public marocain en livrant une leçon du cinéma, lundi 27 novembre, dans le cadre de la 20ème édition du FIFM. La réalisatrice programmée six fois au festival de Cannes est revenue sur son parcours, ses débuts et sa vision vis-à-vis du monde et du cinéma.

«Dans ses bras », une quête de soi…

À 23 ans, la réalisatrice ayant étudié la photographie à l’école des arts visuels d’Osaka, a signé son premier film «Dans ses bras» ou  Étreinte en 1992.

Dans ce travail, on y voit une relation très forte avec la nature et les détails. «Je n’étais pas déterminer à devenir réalisatrice, mais je le suis devenue d’une manière naturelle.», a-t-elle confié. Et d’ajouter, «ce qu’on a en commun avec les autres réalisateurs, c’est qu’on fait ce qu’on aime.»

Un film est porteur de questions, de questionnements sur certaines choses de la vie, de l’existence. Tel était ainsi le premier souci et les motivations de Naomi Kawase en faisant ce premier film. «J’ai fait ce film pour poser des questions que tout le monde pourrait poser. », a-t-elle fait savoir.

Par ailleurs, la cinéaste  est revenue sur les origines de ce travail.

Une recherche dans la mémoire, dans les origines

««Dans ses bras», je cherchais mon père, et en cherchant je voudrais savoir qui suis-je.», a-t-elle révélé.

Dans ce film, dans ses ombres, dit-elle, on voit l’absence du père. Par la suite, poursuit-elle, j’ai commencé à ressentir une troisième voix. Et c’est ce qui m’a permis d’avoir mon style. Par ailleurs, sa grand-mère a joué un rôle important dans cette transition du documentaire à la fiction.

«En tournant ce documentaire avec ma grand-mère, il y avait ce point subjectif dans le film. Je m’éloignais de la perception tournée à la première personne. », a-t-elle affirmé. Et d’ajouter: «je n’avais pas encore de style personnel quand j’ai tournée mon premier documentaire. J’ai créé un scénario réaliste en me basant sur la vie des gens. 

Son film «Shara» est tourné dans le vieux quartier de Nara, ancienne capitale du Japon, célèbre la fête. En effet, une scène de danse émouvante  des jeunes dans le film a fait sensation.

 «J’ai recouru de nombreux figurants pour réaliser cette scène mêlant fiction et réalisme.», a-t-elle indiqué. «Shara», son troisième long métrage, a été sélectionné en compétition officielle à Cannes en 2003.

«J’ai tourné le film en 10 jours pour que le film puisse aller à Cannes.», a-t-elle précisé.

La magie des histoires…

Naomi Kawase n’a jamais cessé de raconter des histoires par le biais du cinéma. Dans son film, « Naissance et maternité », elle a abordé l’aspect animal du corps humain et la relation à la nature.

«Grâce à ce film, j’ai prouvé que ma grand-mère a existé. C’est une trace. Le film amène aussi des questions pour les gens du monde entier. C’est une occasion pour pousser les gens à réfléchir.», a-t-elle affirmé.   

Selon la réalisatrice, «La Forêt de Mogari » ayant remporté le Grand prix au festival de Cannes en 2007 est un film différent au niveau de la mise en scène.

«Nara est une ville ancienne où on pourrait entendre les gens qui y vivaient. Quand j’ai reçu le prix à Cannes, je disais dans mon discours qu’il faut vivre la vie pleinement et sentir les gens qui ont disparu notamment dans une société matérialiste.», conclut-elle.

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