Jamais les acquis ne viennent par les souhaits …

La modernité ne peut se faire sans un pouvoir d’achat conséquent qui donne à la personne humaine la possibilité de l’émancipation et de l’expression. S’émanciper des contraintes du quotidien et pouvoir exprimer sa liberté.

Dans un pays développé, cela se constate autant que l’œil peut voir l’environnement, les personnes humaines qui l’occupent et les activités qui s’y développent. L’œil autant qu’il s’émerveille de la civilisation qui se vit, autant il est choqué par l’exception, rare mais bien présente, d’un « Sans Domicile fixe », une personne humaine, dans l’exclusion et la marginalité, qui prend la rue pour domicile. Inégalité sociale criarde qui en cache d’autres issues d’un système qui se développe dans l’inégalité.

Globalement, dans cet environnement moderne par son aménagement, par son architecture et par les activités qui s’y développent, la vie s’enchaîne dans le respect de la loi par tous, autant dans le passage à piétons que pour une manifestation d’une minorité agissante ou le respect de la file d’attente devant un commerce.

Les seniors se gaugent de soleil, les jeunes exposent leurs beautés et expriment leurs mamours. Le consumérisme domine et la culture se manifeste dans les places publiques. L’infrastructure répond aux besoins des individus et se marie avec la nature. La diversité des origines, ethnique et/ou étatique, ne semble pas troubler la sérénité de l’ensemble et la joie du vivre ensemble.

Le vœu est alors simple à faire. Si cela se vit sous cette latitude en ce moment même, cela peut se réaliser sous d’autres latitudes ; d’autant que les choix et les contraintes sont identiques.

Dans notre contexte, une grande majorité de notre population aspire à la modernité. Celle-ci est présente dans notre beau pays, sauf qu’elle reste cantonnée dans des espaces privilégiés comme dans l’esprit d’une minorité.Toute la problématique est de la faire affirmer partout dans le territoire national et qu’elle régit la vie quotidienne de la population. Cela est possible si l’effort national est entrepris dans ce sens. Pourrait-on affirmer que le projet gouvernemental qui vient d’être décliné s’inscritdans cette démarche ?

Sans préjuger de l’avenir, la présentation du chef du gouvernement devant le parlement cite les mots-clés qui peuvent traduire cette « dynamique volontariste ambitieuse incarnant l’intelligence collective des Marocains », sauf que cette présentation n’aborde pas le « comment faire » dans le temps et la détermination des moyens législatifs et financiers pour concrétiser cette volonté. Or, c’est à ce niveau que le scepticisme devient de mise. Les mesures chiffrées et précises ont été annoncées lors de la campagne électorale mais font défaut dans la présentation du projet gouvernemental alors que la situation s’aggrave par la hausse des prix et l’attente, entre autres et depuis fort longtemps, d’une réforme fiscale équitable et juste pour soulager la contribution de la population et assurer le recouvrement là où le profit s’accumule, parfois d’une manière ostentatoire.

Le rétablissement de la confiance en l’action politique est lié à la réalisation dans les faits de ce qui a été annoncé. Les redites ajoutent au doute beaucoup plus qu’elles ne l’éliminent. Le temps qui est vécu est plus exigeant que le temps politique ; et les Marocains ne veulent plus de la rengaine « cinq années et puis s’en vont » de la comptine politique nationale.

Convaincre par les faits est une exigence de la consolidation du processus démocratique dans son ensemble. C’est par ce biais que la mobilisation d’une grande partie des abstentionnistes pourrait se réaliser et que la vie politique puisse trouver son chemin en dehors des dérives induites par l’instauration d’un marché électoral de plus en plus capitalistique et ses conséquences sur la crédibilité de l’engagement politique.

Il reste que la lutte démocratique des forces progressistes a montré que les changements ne se font pas par des vœux pieux mais qu’ils sont réalisés par la force de la mobilisation, l’apaisement de la vie politique par l’épuration des résidus du passé et ses anachronismes et la pratique du consensus autour de cette « dynamique volontariste ambitieuse incarnant l’intelligence collective des Marocains ».Jamais les acquis ne viennent par les souhaits …

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