Jamal Felhi, candidat de la liste «Le changement», estime que la loi 90-13 constitue une avancée significative pour la réforme du champ médiatique et son institutionnalisation. Toutefois, selon lui, la loi en elle-même n’est pas suffisante. Notre interlocuteur estime également que le pilotage de toute politique publique requiert des acteurs capables d’assumer leurs missions en bonne et due forme et de remplir leurs attributions conformément à la loi.
Al Bayane : Selon vous, la loi 90-13 portant création du Conseil national de la presse contribuera-t-elle à la réorganisation du champ médiatique?
Jamal Felhi :En principe, la loi 90-13 constitue une avancée significative pour la réforme du champ médiatique et son institutionnalisation, étant donné qu’elle a fixé des objectifs clairs et spécifiques. Il faut dire que c’est un nouveau jalon qui vient d’être posé pour s’attaquer à ce chantier titanesque.
Outre la nécessité du respect des règles déontologiques et des lois qui régissent l’exercice de la profession, le texte contient une batterie de mesures qui en principe, visent à promouvoir la liberté de la presse et de l’édition, et ce, sur des bases démocratiques. Il n’en demeure pas moins que la loi est nécessaire pour mettre en œuvre la politique publique dédiée au secteur de la presse et atteindre, par conséquent, les objectifs escomptés. Cependant la loi à elle- même n’est pas suffisante.
Voulez-vous dire que la loi n’est qu’un outil parmi tant d’autres pour réguler le champ médiatique?
Evidemment oui. D’ailleurs, comme le dit l’adage, on ne change pas la société par décret. En fait, le pilotage de toute politique publique requiert des acteurs capables d’assumer leurs missions en bonne et due forme et de remplir leurs attributions conformément à la loi.
Vous êtes candidats aux élections du CNP, en quoi consiste réellement votre programme?
Le texte consiste en lui-même un programme. Le Conseil, une fois installé, aura vraiment du pain sur la planche. Autrement dit, les membres du Conseil doivent faire preuve d’une grande conscience professionnelle, en inscrivant leurs actions aux antipodes des intérêts personnels ou des arrières -pensées politiques. Des membres qui sont passionnés du métier et ayant le texte comme seul et unique référentiel. Au cas contraire, on risquerait de transformer le conseil en une coquille vide.
Vous avez opté pour « Le changement » comme slogan pour votre campagne pour les élections du 22 juin prochain. Qu’est-ce qui justifie ce choix?
Le champ médiatique doit rompre avec les anciennes pratiques qui ont terni l’image de la profession. La structuration du champ de la presse passe obligatoirement par la mise en place de nouvelles relations entre tous les acteurs, loin des pratiques clientélistes et avec comme objectif la défense de la qualité de l’information et le développement d’un management participatif. A cela s’ajoutent l’amélioration des conditions des journalistes et la promotion de l’approche genre, de même quela valorisation des compétences et le renforcement de l’entreprise de presse. Il est donc temps de se départir des réflexes partisans et syndicalistes figés.
Pouvez-vous nous en dire plus?
Je pense que le fait d’opter pour la liste fermée est un choix antidémocratique. Cela va vider le Conseil de sa véritable mission, celle de refléter le pluralisme du champ de la presse. Et ce n’est pas tout. En sus de cela, je pense que le fait d’imposer 15 ans d’expérience pour se porter candidat aux élections du CNP est une condition rédhibitoire qui exclut toute une génération de journalistes. Ces dernières années, on a assisté à l’arrivée d’une nouvelle génération de journalistes formés à de nouveaux outils de travail et plongés dans l’ère numérique. Je pense qu’on a exclu plus de 70% des journalistes d’aujourd’hui. Cela suscite plusieurs interrogations sur les réels objectifs pour exiger un tel critère de candidature…
Pourquoi critiquez-vous les préparatifs de ces élections?
C’est pour la simple raison que la commission chargée de superviser des préparatifs techniques de l’élection des membres du CNP n’est pas conforme à la loi. En fait, on ne peut pas être à la fois candidat et membre de la commission. Cela relève de l’aberration du point de vue déontologique.