La crédibilité du discours

Dans ce contexte d’inflation modérée, pour reprendre les termes officiels, la régression du pouvoir d’achat est manifeste.Sans crier gare les prix s’envolent et la population subit.

Comme avec le temps tout s’en va, la consommation des ménages ne peut que s’essouffler. Si leur endettement par l’octroi de crédits fait le bonheur de certains, il est clair que leur solvabilité devient de moins en moins garantie. Les ménages s’endettent à l’instar de l’Etat qui ne soucie plus de l’aggravation de la dette ;et, il est heureux que les transferts des Marocains du Monde ne fassent pas défaut.

Plus que de crédits, les ménages ont besoin de solutions pour vivre dignement et se libérer des contraintes qui s’exercent sur eux d’une manière ou d’une autre.

Chez la très grande majorité de la population, le ressenti est dur par l’approfondissement des inégalités sociales qui se manifeste, les conséquences économiques de la pandémie, le chômage structurel des jeunes, le coût élevé de l’éducation pour les plus aisés et la grande détresse de l’école publique pour les autres, la crise sanitaire qui sévit au-delà des résultats probants de la vaccination, le climat qui change et l’horizon qui se rétrécit.

Les promesses électorales sonnent encore dans les oreilles et ajoutent, par leur cynisme, à l’amertume du quotidien. La miséricorde est plutôt attendue du ciel que du côté gouvernemental. Les premières pluies ont ravivé l’espoir.

Il n’est pas mauvais pour un ministre de vouloir mettre en œuvre une proposition déjà énoncée et développée dans le détail par d’autres, surtout quand il s’agit de combattre la pauvreté et l’exclusion d’une partie de notre population. Sauf qu’il ne faudrait pas se limiter à la coquille pour faire semblant et délaisser le véritable contenu porteur de changements dans la condition humaine.

Ce n’est pas une affaire de copyright car il ne s’agit pas d’un show pour apparaitre sous son meilleur aspect. Il s’agit de l’inclusion économique par la réalisation des grands travaux que le ministre, aussi jeune et souriant, ne peut dévoyer pour arranger son discours au lieu de lui donner corps et subsistance.

Idée volontariste et mobilisatrice des forces de travail inemployées pour réaliser des infrastructures et atténuer les disparités spatiales, elle est globale et valorisante du capital humain et de son territoire. « Il y a matière à mobiliser de l’argent national et extérieur pour développer ces grands travaux communaux. Il peut s’agir de la construction de petits barrages collinaires, le développement de la petite et moyenne hydraulique et des plantations, le désenclavement de ce qui reste des communautés humaines et le développement de petits ports de pêche… pour créer justement une activité productive de richesses et en même temps, répartir de manière plus juste, cette richesse. Car la campagne est restée marginalisée en matière de la richesse produite au niveau national. » précisait Moulay Ismail Alaoui dans une interview au Matin en 2009.

Cela reste valable pour le temps présent, il ne manque que la volonté politique pour affirmer la crédibilité du discours et engager l’action.

De même ; deux secteurs constituent une assise fondamentale pour le développement du Maroc d’aujourd’hui et de celui de demain ; celui de l’éducation et de la formation et celui de la santé. Cela semble tellement évident que le rappeler devient un rabâchage inutile et inhibiteur.

Dans ce cadre, la formation des maîtres est une pierre angulaire dans l’édifice du système éducatif.Elle ne peut souffrir de tergiversations qui ne font que retarder la résolution d’une préoccupation sociale de première importance. L’essentiel est de former « des enseignants compétents au niveau des savoirs, capables de réflexion sur leur pratique, sachant s’adapter et réagir intelligemment à toute forme de réaction dans la classe » et non dans la date de naissance des impétrants à ce noble métier.

D’autre part, le dernier concours pour le recrutement des médecins dans la santé publique montre la nécessité impérative de revoir les conditions nécessaires pour assurer une bonne répartition des ressources humaines sur l’ensemble du royaume afin d’optimiser l’offre de santé à l’ensemble de la population.La volonté de promouvoir une politique sociale ne peut faire l’impasse sur ce besoin indispensable au développement de la santé pour tous.

Etsi la concertation nécessaire n’aboutit pas à apaiser les esprits par la résolution des contentieux pendants du passé antérieur, la crédibilité du discours se perd aux dépens de la réforme exigée par les nécessités du développement et de l’émergence économique.

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