La consécration de l’éthique journalistique demeure la responsabilité de tous les acteurs du champ de la presse, ont souligné les participants à la conférence nationale, organisée conjointement par la Fondation Abdelhadi Boutaleb et la Faculté des Lettres et des sciences humaines Ain-Chok à Casablanca et ce jeudi 2 mai à Casablanca, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.
En fait, cette manifestation culturelle fut, pour les intervenants, une occasion pour débattre des enjeux du champ journalistique au Maroc dans un contexte en pleine mutation.
Cela étant, la liberté de la presse est toujours problématique et demeure consubstantielle à la liberté de critique et celle d’opinion, a indiqué le modérateur de la rencontre, Hassan Habibi, professeur universitaire et coordinateur de la filière «Médias et journalisme» à la faculté des Lettes de Ain-Chok.
L’intervenant, tout en faisant allusion à la Déclaration de Windhoek, a insisté sur le fait qu’il est catégoriquement inconcevable de consacrer la liberté de la presse sans un environnement libre, autonome et pluraliste. Abondant dans le même ordre d’idées, le spécialiste de la communication a mis l’accent sur la nécessité de la régulation du champ de la presse afin d’immuniser la liberté d’expression, qui est d’ailleurs garantie par les dispositions de la Constitution 2011.
Il reste cependant une question qui taraude les esprits, a-t-il ajouté, qui porte essentiellement sur la garantie cette liberté dans un champ marqué parfois des dérapages médiatiques et de la prolifération des «Fake news», ce qui constitue, une véritable menace pour la société, a-t-il poursuivi.
Il n’en demeure pas moins, selon le spécialiste de la communication, que les lois adoptées par le législateurs sont d’une importance cruciale pour réguler le champ journalisme, notamment à travers la mise en place du Conseil national de la presse (CNP), mais cela n’est pas suffisant, a-t-il laissé entendre. Autrement dit, «une régulation efficace passe par la consécration des principes de la responsabilité et de la reddition des comptes», a-t-il noté en substance.
Subventions publiques, une nécessité!
De son côté, Younès Moujahid, Président du CNP, a évoqué dans son exposé le principe la responsabilité sociale de la presse et des médias, qui est d’ailleurs l’une des principales attributions de son instance tout en en soulignant que l’article 28 de la Constitution demeure un référentiel incontournable pour l’action du CNP.
Il va sans dire, selon l’intervenant, que la réhabilitation du secteur n’est pas uniquement la responsabilité du CNP mais, il s’agit d’une mission partagée entre l’ensemble des acteurs concernés à commencer par les entreprises de presse. Comme quoi, la réorganisation du secteur à travers la mise en place des normes est la seule voie pour immuniser le processus démocratique.
Par ailleurs, le numéro un du CNP a mis en garde contre certains discours populistes, en soulignant que les subventions accordées par l’Etat aux entreprises de presse demeure un outil efficace pour garantir leur indépendance vis-à-vis des groupes de pression. En termes plus clairs, «les médias doivent être considérés comme un bien public», a-t-il conclu.
Idem pour Noureddine Miftah, membre du CNP et ancien président de la Fédération marocaine des éditeurs des journaux (FMEJ) qui a considéré que la liberté de la presse devrait d’être d’abord conditionnée par le renforcement des valeurs déontologiques. Le but escompté, a-t-il martelé, est celui de revaloriser la production journalistique, car il en va de l’intérêt de la société.
Le membre du CNP a précisé que le projet du Code de déontologie ambitionne à consacrer les principes d’intégrité et de transparence dans le secteur, en indiquant dans ce sens que le Code constitue un grand pas en avant pour renforcer la crédibilité de la profession de la presse.
Sur un autre registre, Mohamed Hassani Idrissi, professeur à la Faculté des Lettres de Ain-Chok, qui a estimé que le nouveau Code de la presse a mis en place des conditions pour instaurer un climat de liberté et transparence dans le secteur. Cependant, des lacunes persistent encore a-t-il déclaré en faisant observer que ce document juridique n’a pas bien clarifié la marge de la liberté du journaliste notamment en matière du journalisme d’investigation tout en appelant à l’élargissement du champ d’action de la profession.
Khalid Darfaf