La Présidente sud-coréenne au cœur d’un scandale politico-financier…

Ils étaient 45.000 selon la police et 200.000 selon les organisateurs ces sud-coréens, hommes et femmes de tous âges et de toutes conditions, qui ont investi les artères de Séoul pour manifester leur colère et exiger la démission de la Présidente Park Geun-hye désormais au centre d’un vaste scandale politico-financier. La Présidente est accusée, en effet, d’avoir permis à une amie de longue date et conseillère occulte de spolier des groupes industriels. Reprochant à la Cheffe de l’Etat d’avoir permis à son amie Mme Choi Soon-sil d’accéder à des documents confidentiels, la police a arrêté cette dernière ce jeudi pour fraude et abus de pouvoir.

Le lendemain c’est la Présidente elle-même qui, d’une voix chevrotante, s’est déclarée, lors d’une allocution télévisée «prête, en cas de besoin, à répondre avec sincérité aux enquêtes des procureurs» dans le cadre de ce que les sud-coréens appellent, désormais, le «Choigate».

Ainsi, il est reproché à Choi Soon-sil d’avoir abusé de ses liens avec la Présidente pour faire bénéficier, deux des fondations qu’elle dirige, d’un financement par des conglomérats sud-coréens à hauteur de 77,4 milliards de wons (61 millions d’Euros). Elle est accusée, également, d’avoir détourné à son profit une partie de cet argent par le biais de sociétés-écrans domiciliées en Allemagne et en Corée du Sud. Il est reproché, par ailleurs, à la Présidente Sud-Coréenne d’avoir remis à Mme Choi Soon-sil des documents confidentiels traitant aussi bien de politique intérieure que de la question très sensible des relations entre les deux Corées.

Dans les rues de Séoul et de plusieurs autres villes du pays les manifestants brandissent des marionnettes représentant la Présidente dont les fils sont manipulés par Choi Soon-sil. Mais cette dernière n’est pas la seule impliquée dans ce scandale qui secoue la Corée du Sud puisque plusieurs personnalités ont aussi été arrêtées.

Aussi, dans son deuxième discours à la nation en l’espace de dix jours, la Présidente Sud-coréenne a-t-elle reconnu sa responsabilité dans le scandale où est impliquée sa confidente et amie allant même jusqu’à déclarer qu’étant donné qu’elle a «baissé la garde», «ces derniers développements sont tous de (sa) faute et ont été provoqués par (sa) négligence». Et la Présidente de conclure en disant que «C’est à la fois triste et dommage qu’une personne puisse être accusée d’avoir tiré un profit et d’avoir commis plusieurs infractions alors que nous travaillons dans l’espoir d’améliorer l’économie nationale et la vie des citoyens».

Cette affaire avait pris une grande dimension quand au cours de l’été dernier la chaîne de télévision JTBC avait annoncé avoir découvert sur une tablette des fichiers prouvant que Mme Choi Soon-sil, par ailleurs fille du  «Raspoutine Coréen» qui a joué un rôle important dans la carrière politique de la Présidente Park Geun-hye et qui est lui-même le gourou d’une secte appelée «l’Eglise de la Vie Eternelle», réécrivait les discours de la Présidente.

Une affaire dont la presse locale et internationale parlera pendant longtemps encore car l’accusée qui est désormais la femme la plus honnie du pays et dont le Tribunal de Séoul a confirmé la mise en examen ce jeudi 3 novembre 2016, est poursuivie pour trafic d’influence, abus de pouvoir et tentative de fraude après qu’elle ait mis beaucoup de temps à quitter l’Allemagne où elle s’était réfugié avant de retourner en Corée du Sud pour répondre des accusations qui lui sont reprochées…

Nabil El Bousaadi

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