Samedi dernier ce sont 1,3 millions de sud-coréens qui, dans le cadre des manifestations qu’ils organisent tous les week-ends depuis trois semaines à Séoul – les plus importantes dans le pays depuis 1980 – ont battu le pavé pour réclamer le départ de la Présidente Park Geun-hye à laquelle ils reprochent corruption et trafic d’influence et que, selon un sondage effectué cette semaine, neuf coréens sur dix voudraient voir partir.
Plusieurs patrons de conglomérats sud-coréens sont également dans la mire du parquet qui a déclaré son intention d’entendre la Présidente dans les plus brefs délais.
Cette dernière est, en effet, au centre du fameux scandale dit du «Choigate» dans lequel il est reproché à sa confidente et amie de longue date Choi Soon-sil d’avoir abusé de ses liens avec la Présidente pour faire bénéficier, deux des fondations qu’elle dirige, d’un financement par des conglomérats sud-coréens notamment Samsung et Hyundai à hauteur de 77,4 milliards de wons (61 millions d’Euros). Elle est accusée, également, d’être intervenue dans la nomination de hauts responsables et d’avoir détourné à son profit une partie de cet argent par le biais de sociétés-écrans domiciliées en Allemagne et en Corée du Sud.
Il est reproché, par ailleurs, à la Présidente Sud-Coréenne d’avoir remis à Mme Choi Soon-sil, arrêtée début novembre pour fraude et abus de pouvoir, des documents confidentiels traitant aussi bien de politique intérieure que de la question très sensible des relations entre les deux Corées.
La colère des Sud-Coréens, qui n’est pas restée lettre morte, a porté ses fruits et la Présidente va finalement être entendue par le Parquet au cours de cette semaine après que celui-ci ait interrogé le week-end dernier le président de Hyundai Motor et les dirigeants du groupe Hanwha.
Au cours de ces interrogatoires, la Justice va chercher à établir si la Présidente a, d’une manière ou d’une autre, fait pression sur ces dirigeants industriels pour les inciter à verser des sommes faramineuses aux fondations dirigées par sa confidente et amie Choi Soon-sil dans la mesure où Hyundai est soupçonné, pour sa part, d’avoir versé auxdites fondations quelques 65 millions d’Euros et que Samsung est accusé d’avoir remis à la confidente de la Présidente près de 15,4 millions d’Euros dont près de 2,8 millions d’Euros auraient servis au financement de «la formation équestre de sa fille en Allemagne».
Se trouvant donc au centre d’un tonitruant scandale, la Présidente, dont le mandat court jusqu’au début 2018, s’est trouvée contrainte, sur la pression de la rue, de laisser le Parlement décider de son sort en déclarant, ce mercredi, à la télévision : « Quand les parlementaires auront déterminé les conditions d’une passation qui minimise la vacance du pouvoir et le chaos dans la conduite des affaires, je partirai ».
Il reste, enfin, à savoir si la Présidente Sud-Coréenne Park Geun-hye va quitter ses fonctions «les mains dans les poches» et bénéficier d’une paisible retraite ou si, au contraire, elle ira tenir compagnie à son influente confidente et amie de très longue date. La réponse à cette question sera, sans nul doute, donnée dans les jours qui viennent…
Nabil El Bousaadi