La tourmente sociale

Saoudi El Amalki

Pendant que la canicule estivale persiste et empiète sur la saison automnale, la fournaise du coût de la vie embrase les foyers précarisés de la société mise à rude épreuve, depuis fort longtemps. Plus on ne pipe mot, plus le clou inflationniste s’enfonce à des proportions insoutenables. Tous les syndicats ou presque sont impuissants et « soudoyés », jettent l’éponge et se dérobent éperdument face à leur mission envers le Pouvoir et le Patronat, seuls cavaliers de l’équation défaillante du travail. L’Exécutif, plus préoccupé que jamais par les « largesses » de la rente et du conflit d’intérêt, s’emmitoufle dans l’insouciance devant la flambée vertigineuse des prix de tous les produits de consommation de première nécessité, aussi bien le panier brûlant que la pompe inflammable. Basta, gémit le petit peuple à sévir sous la combustion de la cherté sans pitié qui l’asphyxie de toutes parts ! A quel saint doit-il se vouer, en face de l’injustice qui l’assaille, le transperce et le torpille à bout portant ? Inutile de s’attendre à une éventuelle délivrance de la part du gouvernement, puisqu’il semble résolu à jouir jusqu’au bout, de cette « aubaine » juteuse et finir en apothéose dans sa fin de mandat opulente ! Le slogan creux et mystificateur de « l’Etat social » n’en a jamais été une réelle panacée aux malheurs de toutes les franges déshéritées, dans le sillage de la supercherie sous-jacente dès le départ, mais vite dévoilée par des faits saillants, au fil du temps. En revanche, seules certaines voix partisanes et de la société civile, s’époumonant à tue-tête montent au créneau afin de vociférer haut et fort, leurs colères, face à ces agressions au quotidien. Jamais le navet, légume qu’on avait même l’habitude à une certaine époque, de servir au bétail, grimpe à plus de 15 dhs le kilo, alors que la viande de chevreau atteint plus de 110 dhs le kilo et le carburant ne cesse de gravir pour osciller les 15 dhs le litre. Quelle bourse de la souche défavorisée et même de la classe moyenne, pourrait-elle encore résister à cette escalade en flèche extravagante ? Que chercheront-ils ces décideurs évaporés sinon à enflammer les tensions et inciter les soulèvements populaires à inonder les rues de la protestation, débouchant sur l’instabilité et la discorde ? Les marocains sont tel des « chameaux » doux, mais ne sont jamais amnésiques, surtout quand on leur fait du mal. On leur a promis monts et merveilles, au point de promettre de leur faire procurer 2500 dhs/mois, sous peine de se faire lapider si jamais on faillit à la promesse non tenue. Que devrait-on faire alors à l’auteur de ce bobard innommable ? L’Histoire de ce petit peuple qui se sacrifie pour survive, tandis que la minorité se la coule douce, lui fera, sans nul doute, payer cher cet odieux sacrilège.

Top