L’after des cent jours

Dans notre beau pays les abeilles disparaissent, la sécheresse s’installe, et l’eau manque. Ce n’est certainement pas le mauvais œil du voisin algérien envieux qui explique tous ses déboires par ce genre de foutaises par lesquelles il se fourvoie. Et le fait de l’écrire, avec tant d’autres, ne signifient aucunement que le Royaume du Maroc est devenu une bouchée facile à avaler.

Que notre voisin revienne à la raison et que l’on s’attache à édifier le Grand Maghreb pour le bien de nos peuples et dans le respect mutuel de nos états.

Pour revenir aux abeilles qui disparaissent, il y a de quoi s’inquiéter. Car, plus que le miel qu’elles produisent, et dont les bienfaits sont reconnus, c’est le rôle assumé dans le cycle reproductif des végétaux qui est menacé par la disparition de ces insectes. Le miel est une conséquence de la pollinisation,et aussi restreint que soit le taux de celle-ci effectué par les abeilles domestiques, leur disparition est un évènement qui interpelle l’ensemble de la société et de son gouvernement. Qu’elles sont les causes de cette crise de l’apiculture et en quoi elle constitue un sérieux avertissement ?

Ce «Syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles» a été déjà décrit dans d’autres contrées ; et son explication est ramenée à plusieurs facteurs dont l’usage des insecticides et des pesticides dans l’agriculture, la nature et la disponibilité de l’alimentation pour ces hyménoptères, la sécheresse, l’état des ruchers et leur suivi sanitaire.

Pour ces raisons et d’autres, les résultats de l’enquête menée par l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires éclaireront beaucoup plus l’opinion.

Quoiqu’il en soit, la réactivité du gouvernement semble limitée au déblocage d’une aide d’urgence aux apiculteurs et ne joue pas la transparence sur les causes de la perte subite des abeilles. Car tout en «excluant l’hypothèse qu’une maladie des abeilles soit à l’origine de ce phénomène», l’aide débloquée servira, selon le gouvernement, à «la mise en place d’une campagne nationale de traitement des ruches contre la maladie de varroase». Est-ce la varroose, est-ce une maladie virale ? Mais pas une seule fois l’emploi des phytosanitaires n’a été soulevé comme cause probable du désastre ! Abeilles affaire) à suivre … car donneuses d’alarme sur l’environnement et pour que « sous le doux miel (ne) se cachent (pas) de cruels poisons.»…

La sécheresse est périodique au royaume.Elle est structurelle du climat du pays, et son itération et ses impacts au niveau de l’environnement, de l’économie et de la société ont marqué son histoire. Pour le moment, il s’agit d’inciter le ministre de l’Agriculture à mettre en œuvre le plus rapidement et avec le maximum d’efficience les « quelques enseignements tirés à partir de l’expérience 2016 (pour) … gérer les épisodes de sécheresse au Maroc. Mohammed Sadiki, CIHEAM, Watch Letter N°37 – Septembre2016. Nous sommes en février et Monsieur le Ministre tarde, comme la pluie, à prendre les mesures qui s’imposent. Les indicateurs ont atteint le seuil d’alerte en janvier et rien n’est fait, ni même annoncé, pour la « protection des ressources animales, la protection des ressources végétales et le maintien des équilibres dans le monde rural.

Le risque de la pénurie d’eau particulièrement dans «les zones les plus peuplées où l’agriculture est la plus développée» n’est pas une surprise au Maroc. Sauf que ce n’est plus une annonce ou une prévision, c’est bel et bien une réalité qui inquiète et pousse à une réglementation de l’usage de l’eau. Les interdictions édictées par le Wali de Marrakech, fin janvier,  montrent le grand gaspillage fait à une ressource «source de vie» : lavage des véhicules, des rues, des devantures ; arrosage des stades et des greens …etc., au moment même où « sur les 550 millions de mètres cubes d’eaux usées rejetées par les grandes agglomérations, seulement 45 % étaient traitées en 2017 par 117 stations d’épuration, et 20% seulement sont réutilisées».

Autant la sensibilisation des utilisateurs (individus, ménages, collectivités, entreprises…) doit s’accentuer, autant le débat devra aussi porter sur l’utilisation de la ressource alors que des choix sont consacrés dans des secteurs où la question de l’eau n’est pas considérée à sa juste valeur. La disponibilité en eau au Maroc se situe à un niveau de la pauvreté hydrique ; et, le stress qui en résulte risque de s’accentuer si la ressource en eau continue à être gérée comme elle l’est, alors que les changements climatiques, la démographie, la littoralisation, les nombreuses et diverses activités humaines ne cessent d’accentuer leur pression sur la ressource.

L’accès à l’eau, potable, salubre et propre, est un droit reconnu par la constitution.Si une loi relative à l’eau (loi 36-15 après la loi 10-95) a le mérite d’exister, il faut reconnaître que les mesures nécessaires pour rendre effectifs les principes édictés dans son deuxième article et suivants n’ont pas été décrétés.

L’espoir est grand de retrouver nos abeilles qui méritent bien la création au Royaume d’un Centre National de l’Apiculture. Ramadan approche et la population qui raffole du miel voudra bien se rasséréner sur sa qualité et sa sécurité sanitaire.Le souhait est aussi important que le gouvernement ne se comporte pas dans «l’after des cent jours» comme le dit l’adage «Miel à la bouche, dard à la queue ». Et que la miséricorde du ciel nous tombe sur la tête.

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