Le Bangladesh ferme ses frontières aux Rohingyas…

Persécutés sans relâche par la police Birmane, voyant leurs demeures incendiées et leurs femmes violées, ce sont plus de 2000 Rohingya qui, ces derniers jours, ont fui «leur pays» pour aller se «cacher» au Bangladesh voisin.

J’ai délibérément mis entre guillemets «leur pays» pour bien rappeler, s’il en est encore besoin, que même au sein d’une patrie qu’ils considèrent comme étant la leur, les Rohingya, de confession musulmane, que le gouvernement birman appelle «bengali» et qui comprennent entre 800.000 et 1.300.000 personnes, sont victimes d’une flagrante ségrégation de la part de la majorité bouddhiste et ravalés – tant par les autorités que par leurs «concitoyens» –  au rang d’apatrides avec interdiction de voter donc de s’exprimer.

Ainsi, durant la seule nuit de ce mardi, ce sont 500 d’entre eux qui auraient profité de l’obscurité pour franchir la frontière alors que, selon l’O.N.U., ce serait 30.000 musulmans qui, depuis le mois d’Octobre, auraient été déplacés suite aux violences meurtrières qui sévissent à l’Ouest de la Birmanie dans l’Etat de Rakhine où est concentrée la minorité Rohingya.

Mais, comble de l’ironie, les autorités du Bangladesh voisin, qui ne voient pas tout çà d’un «très bon œil », refusent de les accueillir quand bien même elles ne sont pas sans savoir que « l’armée birmane a brûlé leurs villages et tué leurs proches» comme le prétend un leader rohingya sous couvert d’anonymat ; ce qui, du reste n’a pas empêché la police du Bangladesh de faire part, ce mercredi, de son intention de «les renvoyer dans leur pays» tout en n’ignorant pas ce qui les y attend et même de faire dire, à l’A.F.P., par l’un de ses responsables locaux : «Nous les avons attrapés après qu’ils soient entrés illégalement. Ils seront refoulés en Birmanie» .

Il est à signaler, également, que pour endiguer le flot ininterrompu des fuyards Rohingya, le Bangladesh a renforcé les patrouilles de surveillance le long de sa frontière avec la Birmanie empêchant, ainsi, près d’un millier d’entre eux de la franchir ces trois derniers jours.

Il semble donc que l’arrivée au pouvoir, au printemps dernier, du prix Nobel de la Paix, Aung San SuuKyi, qui avait suscité tant d’espoir au sein de la communauté internationale se soit, finalement, révélé nul et non avenu puisque la toute-puissante armée birmane est toujours là, que les conflits, inter-religieux notamment, qui ensanglantent, depuis des décennies l’Ouest du pays sont loin de se terminer et que, last but not least, l’odieux massacre de la minorité Rohingya, épine dans le pied de la Dame de Rangoon, n’a, non seulement, pas cessé du tout mais qu’il empirerait au fil des heures devant le regard impassible d’une Organisation des Nations-Unies qui semblerait avoir «d’autres chats à fouetter».

Nabil El Bousaadi

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