Le domaine de l’édition marocaine manque de chiffres et statistiques

Conférence sous le thème « Édition du livre jeunesse : Chiffres et faits révélateurs »

Les participants à une conférence organisée dans le cadre la 1ère édition du Salon international du livre enfant et jeunesse (SILEJ), ont affirmé, mercredi à Casablanca, que le domaine de l’édition marocaine, manque cruellement de statistiques et de chiffres notamment dans le secteur de la littérature jeunesse.
Au cours de cette conférence organisée sous le thème  »Édition du livre jeunesse : Chiffres et faits révélateurs », les intervenants ont fait savoir que l’accès à l’information des différents acteurs de la littérature jeunesse reste très difficile, alors que les statistiques relatives aux publications destinées au jeune public constituent un indicateur de développement fort utile pour les acteurs impliqués dans ce domaine de l’édition.
Intervenant à cette occasion, Nadia Essalmi, fondatrice de la maison d’édition marocaine Yomad, a noté que dans l’industrie du livre, « les statistiques que l’on retrouve sont généralement fausses, puisque nous ne maitrisons pas l’industrie », regrettant qu’en tant qu’éditeurs « le seul chiffre dont on est sûr est le nombre de livres produits, nous ne savons pas combien de livres pour enfants sont vendus ».
L’une des raisons à cela est le circuit de distribution, a-t-elle expliqué, soulignant que les distributeurs ne sont pas intéressés par le maigre profit qu’ils génèrent des livres marocains, puisque les maisons d’éditions marocaines se battent pour baisser le prix des livres pour enfants, afin de les mettre à la disposition des  »petites bourses ».
Mme Essalmi a, dans ce sens, fait remarquer que le distributeur est le lien entre l’éditeur et le lecteur, notant que si ce lien ne se fait pas, « on ne peut pas dire que les livres pour enfants ne se vendent pas ou que les marocains ne lisent pas ».
De son côté, le président de l’Association marocaine des éditeurs, Camille Hoballah, a soutenu que les librairies également jouent un rôle important dans ce domaine, puisqu’ils ne promeuvent pas les livres jeunesses marocains, notant que les livres marocains se retrouvent dans la plupart des cas au fond des librairies au mieux, alors que dans d’autres cas ils ne sont même pas déballés de leurs cartons.
Il a relevé que les livres étrangers sont mieux mis en valeur par les libraires car la marge de gains est beaucoup plus importante que pour les livres marocains, notant que les Marocains commencent tout de même à s’intéresser de plus en plus aux livres marocains.
Selon M. Hobballah, ce changement est dû à l’intérêt que portes les lecteurs marocains à leur culture, soulignant que pour garantir la réussite des livres jeunesses marocains, il faudrait créer une véritable culture de l’édition du patrimoine marocain, tels que les contes et les récits fantastiques.
 »Pour construire la lecture chez l’enfant, il faut commencer par son environnement », a-t-il indiqué, précisant que les établissements scolaires devraient prendre cela en considération avant de se diriger vers de la littérature universelle.
Par ailleurs, Hassan Id Brahim, chercheur en littérature jeunesse a expliqué que l’évolution du secteur de la littérature jeunesse au Maroc se traduit par un grand effort de publication, ainsi que de l’écriture et de la professionnalisation des éditeurs marocains, ajoutant que ces évolutions sont notables au niveau des thématiques, du genre et du contenu tel que l’illustration.
Et de conclure, que le Maroc et particulièrement le secteur de la littérature jeunesse manque cruellement d’illustrateurs, relevant également le peu de formation dans ce domaine.

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