«Le festival Gnaoua est fédérateur que le monde doit prendre comme référence»

Entretien avec le virtuose sénégalais, Alune Wade 

Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef

Alune Wade était l’un des invités de marque de la 25ème édition du festival Gnaoua musiques du monde. Connu sur la scène musicale mondiale du Jazz et de l’Afrobeat, Alune Wade, virtuose sénégalais de la basse, mais aussi chanteur, compositeur a livré un concert d’ouverture électrique, rythmé pour le grand bonheur des festivaliers et mélomanes. Son dernier concert à Mogador a eu lieu en 2015. Un retour en force !  On l’a rencontré quelques heures avant son show pour célébrer les 25 années du festival. Les propos.  

Al Bayane : Le festival a fêté cette année un quart de siècle de musique, de partage, de fusion et de métissage culturel et musical. En effet, vous êtes l’une des vedettes ayant ouvert le bal de la 25ème édition du festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira. Parlez-nous de ce retour à la cité des Alizés et de votre participation à cette édition assez spéciale ?

Alune Wade : C’est un festival qui est assez spécial pour moi parce que j’ai eu l’occasion de le faire dans le passé avec deux groupes différents, mais pas n’importe lesquels. En effet, la première fois c’était en juin 2007 avec les musiciens maliens et Mahmoud Guinia. En 2015, je l’ai fait avec une autre formation que j’avais montée avec mon ami Aziz Sahmaoui. Lorsqu’on m’a informé que nous allions faire cette fois-ci le festival Gnaoua sous mon nom, c’était un plaisir pour moi. Je suis très honoré et content ; surtout le fait d’avoir l’opportunité de fêter la 25ème édition avec mes frères et sœurs marocains.

Vous faites partie des artistes qui s’ouvrent sur les autres formations et sensibilités musicales. Il faut rappeler aussi que l’une des singularités du festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira, réside, entre autres, dans la fusion et surtout sa capacité de fédérer les rythmes, les sonorités et les artistes issus des quatre coins du monde. Que pensez-vous de cette démarche artistique des organisateurs ?

 Je pense que ce qui se passe à Essaouira est juste incroyable. Je pense que ce festival est très fédérateur. C’est un festival qui mélange les gens, les éducations, les pays, les cultures et les peuples. Je pense que le monde doit prendre ce festival comme référence parce qu’il apporte beaucoup à la culture africaine et mondiale. En fait, depuis ma première participation, le festival et la musique gnaoua m’ont beaucoup influencé. Depuis, je ne cesse d’inviter, de collaborer avec des musiciens gnawa de Casablanca, d’Essaouira…

Il y a toujours une touche de gnaoua dans ma musique, dans la façon dont je compose mes titres. Cette fusion, ce mélange est imposé par ce monde que nous vivons ; un monde qui s’ouvre mais tout en gardant ses racines. Le festival et la musique gnaoua s’ouvrent sur le monde entier.

La musique africaine et son industrie ont beaucoup évolué ces dernières années. Au-delà du volet festif, pensez-vous que les festivals contribuent au rayonnement de la filière musicale africaine ?

Il y a pleins de choses qui se passent en ce moment en Afrique que ce soit en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale. Cette musique africaine est plus indépendante maintenant qu’il y a trente ans. La preuve : quand on voulait avoir des scènes comme celle d’Essaouira ou une musique très bien produite, il fallait qu’on aille en Europe, en Angleterre ou en France.

À l’époque, nous avions des musiciens comme Mory Kanté, Salif Keita… même pour pouvoir se produire à l’époque, ils étaient dans l’obligation d’aller en Europe pour avoir ce bon sens qu’ils cherchaient. Mais nous, nous avons appris par le biais de ce qu’ils ont créé, et nous continuons avec les festivals comme celui d’Essaouira et d’autres. La musique africaine ne cesse de grandir, qu’elle vienne du Maghreb ou d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Mali, le Nigéria et le Congo. Je pense aussi que le fait qu’Essaouira et l’idée de rassembler toute cette Afrique et tout le monde entier est une chose agréable à voir.

 Vous faites du Jazz, de l’Afrobeat, de la fusion. Cette fusion a certes enrichi la musique africaine moderne, mais il faut dire aussi qu’il y a un retour au texte, à l’écriture musicale dans la musique africaine parce que ce continent, il faut le dire, a cette diversité artistique et même poétique. Qu’en pensez-vous ?

Oui, je pense que ce qui est en train de se jouer en Afrique en ce moment dépasse même le terme Jazz ou fusion. Car, c’est une autre chose parce que l’Afrique vient de créer une nouvelle musique. L’Afrique est en train de créer quelque chose qu’elle a décidée de créer, de le montrer et de s’ouvrir sur le monde. Je pense que le Maroc joue un rôle assez considérable dans ce sens parce que les grands festivals de la musique en Afrique, on les trouve au Maroc : Mawazine, le festival d’Essaouira, Visa for music, Timitar. C’est incroyable ce qui se passe au Maroc. Je pense que le Maroc est leader en ce moment de ce qui se passe au niveau culturel en Afrique. C’est un rôle très mérité qu’on ne cesse d’en parler un peu partout dans le monde. Tous les ans, le Maroc est présent.

Accroches :

«Le Maroc est leader en ce moment de ce qui se passe au niveau culturel en Afrique. C’est un rôle très mérité qu’on ne cesse d’en parler un peu partout dans le monde. »

«Le festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira est un festival qui mélange les gens, les éducations, les pays, les cultures et les peuples. Et le monde doit prendre ce festival comme référence parce qu’il apporte beaucoup à la culture africaine et mondiale. »

«Le fait que Essaouira ait l’idée de rassembler toute cette Afrique et tout le monde entier est une chose agréable à voir. »

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