Programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées par le séisme
Mohamed Khalil
Un an après l’effroyable séisme qui avait secoué la région du Haouz, le bilan de la reconstruction est peu reluisant, au regard de la réalité vécue par la population locale, malgré les déclarations toujours satisfaisantes du gouvernement, qui, comme pour ses promesses et bilans, recourt à la démagogie et à la propagande médiatique pour redorer son veston.
La secousse tellurique d’une rare violence avait fait, officiellement, près de 3 000 morts et presque 6000 blessés, ravageant par la même occasion quelques plus d’une vingtaine de milliers d’habitations.
A croire le gouvernement, tout est dans l’ordre et dans le meilleur au monde. Il parle de «Célérité, de mobilisation, d’engagement et de sérieux » allant jusqu’à évoquer une« dynamique vertueuse ». Mais c’est à ceux qui sont dans le four de demander s’il fait chaud à l’intérieur !
En une année, l’on avance à pas de tortue si l’on regarde les déficits existants. Officiellement, nous sommes encore « à la poursuite sans relâche permettre aux familles affectées de regagner au plus vite leurs habitations ».
Car à regarder de près les quelques chiffres officiels présentés et à les confronter à la dure réalité des victimes, l’on conclut, sans hésiter, que le fameux programme de reconstruction et de réhabilitation des zones sinistrées au Haouz et ailleurs tarde énormément à atteindre ses objectifs et que les écarts sont énormes entre la réalité et la parlotte gouvernementale.
Des chiffres officiels…
Donnons quelques chiffres et citations officiels : «Le nombre des fondations déjà creusées a atteint les 11.000, ce qui représente 47 % du total des maisons, alors que 1.000 logements ont été livrés sur les 23.500 maisons démolies, soit 5 % du nombre total de logements».
On parle cependant de «taux d’avancement des travaux avoisinant les 99%».
On évoque, également, «les défis géologiques». Mais qui a empêché le gouvernement de recourir à de l’expertise internationale, notamment japonaise et chinoise, pour accélérer le programme de reconstruction des zones montagneuses ?
Or, l’on semble dire que nous n’avons pas de pétrole mais quand même des idées…
Car à vouloir faire perdurer l’assistanat (2500 DH par mois aux 23 500 familles sinistrées sachant qu’une maison peut héberger plus d’une famille…) l’on est perdant en étalant le temps.
Car, encore de l’officiel : «Au niveau de la province d’Al Haouz, sur un total de 27.205 ménages, dont les habitations ont été détruites ou endommagées, 8.187 ménages sont à ce jour installés sous des tentes, selon les données des autorités locales». Aussi, au niveau de la province de Taroudant, sur un total de 15.394 ménages, dont les habitations ont été détruites ou endommagées, 3.825 ménages sont à ce jour installés sous des tentes.
Des chiffres restant encore à être confirmés par la réalité. Sans parler de celles qui ont trouvé refuge chez des parents ou voisins ou bienfaiteurs…
On nous dit également que, dans telle ou telle localité, nous en sommes à la fin de l’’opération de … déblaiement des décombres des logements démolis…
Les distances entre les douars semblent constituer, pour le gouvernement, une source de difficulté de l’accès à ces localités pour enlever les décombres !
Ouirgane, le parent pauvre de la solidarité
Et si l’on croit certains acteurs associatifs connus dans ces régions, l’on peut citer la commune de Ouirgane, dans la province d’Al Haouz, où seulement «une école primaire dont le réaménagement a été financé et suivi par une association locale, aucun établissement d’enseignement n’a été reconstruit ou réhabilité à ce jour », comme le rapporte Maroc Hebdo, que l’on ne peut accuser d’opposant au gouvernement…
Aussi, selon un acteur local de la société civile, cité par le même média, « la commune de Ouirgane ne compte aujourd’hui aucune maison totalement reconstruite ».
Les aides seraient dévoyées par certains agents d’autorités au profit de personnes non répondant aux critères établis. Notamment dans les villages de Ljoukak et de Talat N’Yaaqoub.
Plus grave encore, les enseignants seraient sans logement comme c’est le cas de ceux du lycée Asni, où les cours ont lieu dans «des conteneurs» !
En conclusion, le gouvernement table sur certains obstacles, présentés comme difficilement surmontables, à l’image «des reliefs et des routes accidentés menant aux douars, la difficulté de trouver de la main d’œuvre en raison du démarrage simultané des travaux dans la province d’Al Haouz, ainsi que les contraintes liées à l’acheminement des matériaux de construction».
Ce sont autant de prétextes qui démontrent le manque de vision de la part du gouvernement et qui ne fait que « célébrer » le douloureux anniversaire par de la phraséologie afin de cacher son manque de compétence.
Car, in fine, il faudra savoir que le gouvernement a disposé, selon un bilan d’étape en décembre 2023 de Bank Al Maghrib, en plus de l’aide internationale, d’un montant d’au moins 19 milliards de dirhams, dont un don royal de un milliard de dirhams. Sans parler du fait que l’opération de solidarité s’était poursuivie tant au Maroc qu’à l’étranger.
2 milliards de dollars est une somme qui peut transformer merveilleusement toute une région, voire un pays !
Alors, messieurs du gouvernement et de la bonne gouvernance, ce n’est jamais trop tard pour mieux faire…