« Le Maroc a la capacité d’être un leader mondial de la digitalisation de l’éducation »

Entretien avec Rafiq El Alami, Directeur du Centre d’excellence en Innovation Digitale (DICE) à l’UM6P

Propos recueillis par NES à Benguerir, Karim Ben Amar

Al Bayane : Pouvez-vous nous nous parler de la « Semaine de la Science en général, et de ce panel en particulier ?

Rafiq El Alami: C’est toujours un plaisir pour moi de participer aux activités de la Science Week, qui est devenue un rendez-vous régulier et incontournable. Il permet d’attirer des chercheurs et des leaders, qui sont là pour partager leurs avis et explorer les limites de la science. La thématique de cette année c’est les transitions. Pour moi, c’était une opportunité de parler de la transition vers le digital dans le domaine de l’éducation. Le panel que j’ai animé, en compagnie d’autres éminents panélistes ont permis de partager un résumé sur leur travail, que ça soit les initiatives qui sont prises par le ministère de l’Éducation en termes de digitalisation, ainsi que les challenges que nous rencontrons afin de nous diriger vers la digitalisation de l’éducation au Maroc ainsi que dans d’autres pays. L’aspect que j’ai pu couvrir, est le résumé du travail que nous effectuons au niveau du Digital Innovation Center of Excellence en termes d’un concept qu’on appelle la phygitalisation.

Qu’est-ce que la phygitalisation ?

La phygitalisation, c’est quand on combine des demandes physiques et digitales. Donc au lieu de nous diriger vers une transformation digitale qui consiste à abandonner le physique, on garde le physique, et nous l’améliorons avec des capacités digitales. Cela nous permet au Maroc, chez nos pays amis en Afrique mais aussi au sein des pays développés, de nous diriger vers une transition beaucoup plus rapide.

 Quel est l’apport de cette approche digitale ?

Ce qui est important, c’est que lorsqu’on fait cette approche digital, on a aussi la capacité de créer de nouveaux scénarios qui vont rendre  l’utilisation de l’éducation beaucoup plus simple. Ce concept-là a été adopté l’année dernière par le ministère de l’Éducation dans le cadre du baccalauréat. Tous les diplômes du bac national de l’an passé ont la particularité d’être digitaux. On a donc gardé le physique, et on a créé le digital en gardant le lien entre les deux.

Qu’est-ce que cela apporte concrètement aux étudiants ? Et à quels autres aspects cela peut s’appliquer ?

Cela permet aux étudiants de partager leur diplôme très rapidement avec des universités, et de mettre en valeur les aspects de leur formation, etc. Donc, c’est cette approche qui est importante dans le domaine de l’éducation. De la même manière, que nous l’avons fait pour le diplôme, ça peut s’appliquer à d’autres aspects de formation et cela permet d’accélérer le processus. D’ailleurs ce n’est pas un hasard si l’université Mohammed VI Polytechnique,  a toujours été consciente, depuis son inauguration, de l’importance du digital dans l’éducation. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous avons au sein de l’UM6P  le Digital Learning Lab. C’est une structure qui a exploré plusieurs aspects de l’accélération de cet effort de digitalisation. Il fallait d’abord acquérir l’expertise à travers tout un travail de benchmarking qui a été fait dans d’autres universités, d’autres continents. On a développé une philosophie interne à l’université: comment est-ce qu’on peut accélérer à cette  digitalisation ? L’impact, près de six ans après la création de cette entité est palpable. Aujourd’hui, il y a eu une initiative qui nous a permis de transférer et de faire de la capacity building dans toutes les universités publiques au Maroc et nous avons des programmes similaires avec des universités en Afrique. L’objectif ici est de mutualiser  les efforts des différentes universités pour accélérer la digitalisation. Donc, par exemple, si je mets 24 universités ensemble ou 12 universités pour la digitalisation de programme, cela veut dire que  je peux le faire 12 à 24 fois plus rapidement que si je travaillais individuellement. Aujourd’hui, au Maroc, on s’était mis  à l’éducation digitale un peu en retard par rapport aux autres pays, mais la manière dont on s’est positionné aujourd’hui, nous avons la capacité d’être un leader mondial de la digitalisation de l’éducation.

La concrétisation de la digitalisation de l’éducation a-t-elle commencé ?

Le travail de fonds a été fait. Il y a énormément de choses qui sont en train de se concrétiser. Très prochainement, il y aura des annonces qui seront très importantes et qui vont positionner le Maroc comme un pays leader en termes de modèle, mais aussi en termes de création de contenu pour le digital.

Top