Le Maroc, force de proposition et modèle réussi dans une Afrique émergente

Le récent retour triomphal du Maroc au sein de l’Union africaine (UA) ne cesse de susciter de larges échos partout dans le continent, y compris en Afrique du Sud, où les prescripteurs d’opinion voient en ce retour du Royaume une occasion pour l’Afrique de tirer profit de l’expérience d’un pays qui a su s’imposer comme un partenaire écouté sur la scène internationale.

Ce retour, scellé lors du 28è sommet de l’UA tenu les 30 et 31 janvier dernier à Addis-Abeba, siège de l’organisation continentale, continue, en effet, de faire l’objet d’importantes analyses de la part des centres de recherche clefs dans le pays arc-en-ciel, qui estiment qu’«une UA n’est plus concevable sans le Maroc».

Les efforts consentis par le Maroc, durant la dernière décennie, pour, d’une part, diversifier et renforcer sa base économique et, d’autre part, pour enraciner sa présence dans différentes parties du continent ont donné leur fruit, indique à la MAP Ibrahim Deen, chercheur à l’Afro-Middle East Center (AMEC, basé à Johannesburg).

«Il ne faut pas perdre de vue les réformes politiques et démocratiques courageuses initiées par le Maroc», indique l’expert des questions arabo-africaines, soulignant que les observateurs internationaux sont unanimes dans leur conclusion que le processus de réforme conduit par le Maroc depuis de longues années a permis au Royaume de naviguer sereinement durant la vague de protestation qui a déferlé sur la région arabe en 2011.

Et M. Deen d’ajouter que le Maroc s’est également imposé comme un acteur incontournable dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

En Afrique comme partout ailleurs dans le monde, le Royaume est perçu comme une force de proposition sur les meilleures formules pour la promotion d’un Islam modéré, ajoute-t-il.

Le chercheur n’a pas manqué de souligner que ces atouts qualifient le Maroc pour jouer pleinement son rôle dans le domaine de la résolution des conflits en Afrique.

Les efforts déployés par le Maroc pour trouver une solution à la crise libyenne offrent une illustration de cette vocation du Maroc en tant que facilitateur de dialogue, a-t-il dit, soulignant que ce rôle sera renforcé, après le retour du Maroc au sein de l’UA.

Abondant dans ce sens, Naeem Jeenah, directeur de l’AMEC, souligne que la place du Maroc sur la scène internationale a favorisé une prise de conscience générale dans le continent quant à l’importante contribution que le Royaume peut apporter au continent dans les domaines de développement économique, social et politique.

«C’est ce qui a conduit au soutien de l’écrasante majorité des pays africains au retour du Maroc au sein de l’UA», a-t-il dit.

Selon le chercheur, la longue absence du Maroc de l’organisation africaine a été à l’origine d’une profonde frustration parmi plusieurs membres de l’UA.

Cette absence, qui était une illustration des divisions qui rongeaient le continent, était aussi perçue parmi plusieurs dirigeants africains comme un handicap, car l’UA était privée de la contribution d’un pays qui entretient de fortes relations avec les principaux partenaires internationaux, notamment l’Union européenne, la Chine, la Russie et les Etats-Unis, argumente le chercheur.

Ces relations du Maroc seront un atout de taille pour l’Afrique dans ses relations avec ces principaux partenaires, a dit M. Jeenah.

Par ailleurs, les analystes sud-africains se sont particulièrement attardés sur la visite effectuée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI en Zambie, la considérant comme illustration de la crédibilité que ne cesse de gagner le partenariat nouveau proposé par le Royaume dans le continent.

La visite Royale en Zambie émane d’«une approche intelligente» pour pénétrer la région d’Afrique australe. Le choix du Maroc d’entamer «cette conquête» de cette partie du continent à travers le portail zambien est un choix judicieux, car ce pays demeure un pays ouvert et soucieux de diversifier ses partenariats.

La visite Royale a été un signal fort quant à la détermination du Maroc d’aller de l’avant dans sa quête de renforcer ses relations de partenariat avec tous les pays du continent, indique-t-il, faisant observer que les accords conclus, lors de la visite Royale, devront encourager d’autres pays d’Afrique australe à s’ouvrir davantage sur le Maroc.

Enchainant dans ce sens, Liesl Louw-Vaudran, consultante au sein de l’Institut des études sécuritaires (ISS, basé à Pretoria), note que la visite du Souverain en Zambie permet au Maroc d’élargir son espace de partenariat africain au-delà de l’Afrique de l’Ouest, où le Royaume est déjà le premier investisseur.

Cet élargissement est la parfaite illustration de la crédibilité du partenariat offert par le Maroc, indique-t-elle, soulignant que la présence du Maroc dans ce pays important d’Afrique australe ne manquera pas susciter l’intérêt notamment en Afrique du Sud, pays qui a une forte influence économique en Zambie.

Les accords conclus par le Maroc avec la Zambie devront, de par leur nombre et leur importance, pousser les compagnies sud-africaines à réfléchir à un genre de coopération sous la forme de joint-ventures, avec leurs homologues marocaines, ajoute l’analyste.

«Cette coopération économique maroco-sud africain devra s’imposer par la force des choses», indique-t-elle, soulignant que «dans les milieux économiques sud-africains on est conscient de ce rôle de plus en plus important du Maroc sur la scène continentale».

Abdelghani Aouifia (MAP)

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