Le mea-culpa !

A-t-on suffisamment de l’audace de cracher le mot, face à un pareil désastre ? Le projet du Plan Azur au prix duquel repose l’une des pièces maîtresses de l’économie nationale, s’avère un crash accablant.

A la veille de la seconde décennie de la mise en place de la Vision 2020, l’échafaudage d’un haut édifice s’écroule comme un château de sable ! En effet, les six stations balnéaires en direction desquelles des fonds faramineux ont été débloqués, s’effondrent, une à une, pareil aux feuilles automnales. La plage blanche aux alentours de Guelmim est restée lettres mortes sans jamais voir le premier coup de pioche. Lixus, aux abords de Larache, s’est contenté d’un unique ressort, sans horizon salvateur.

Même sort pour Mazagan, aux environs d’El Jadida, avec une seule réalisation hôtelière dont l’hirondelle du printemps escompté a battu de l’aile. Après treize ans de son lancement, celle de Mogador, située à des dizaines de kilomètres d’Essaouira, on en est à peine 400 lits d’un aménageur-développeur belge, alors qu’on en avait fredonné non sans fanfares, une capacité litière de plus de 9000. Quant à Saïdia, un peu excentrée dans l’oriental, en dépit de ses atouts, en marina, port de plaisance, hôtels et en aéroports mitoyens, peine toujours à drainer de clientèle hivernale. Sa déception est d’autant plus agaçante qu’elle perd son utilité en lieu huppé, de par le délaissement quasi-total dont elle fait l’objet.

Enfin, la débâcle de Taghazout, au nord d’Agadir, sur le littoral atlantique, lancée bien avant même le Plan Azur. Après les désistements fâcheux de deux gros opérateurs saoudien puis américain, ses 600 hectares de superficie furent scindés en quatre lots et confiés, cette fois-ci, à des entreprises disons des nôtres. Mais, il semble qu’on ait évité Scylla pour tomber Charybde, puisque le site fut quasiment détourné en projet immobilier, au lieu de respecter l’esprit de l’aboutissement touristique national.

Après tous ces fiascos qui foutent en l’air l’effort de toute une Nation de presque vingt ans de sacrifice, les responsables directs, environs une dizaine de ministres et les organismes supervision de l’Etat, se permettront-ils de confesser leurs péchés, dans le mea-culpa public, en termes théologiques, avant de faire le bilan d’une Vision vouée à la déconfiture, en matière politico-économique?

Cette stratégie sectorielle, lancée par le souverain en 2001 et dont la finalité prévoyait une concurrence aux succès similaires à Charm Cheïkh et Antalya, en particulier, pêchait sans doute, par une ambition démesurée de vouloir construire six stations en vrac, sans en avoir ni les moyens ni les compétences requises pour y parvenir, mais surtout par une gouvernance défaillante dans le secteur. Finalement, le pays s’en est lourdement affecté, alors que ses 3500 km de côtes prisées, le plus long littoral d’Afrique, méritait beaucoup mieux que ce chaos mortuaire.

En fait, au moment où on essuie amèrement cette défaite qui ne dit pas son nom dans le balnéaire, une autre niche à vocation plutôt typique et patrimoniale émerge du lot, alors que l’Etat ne s’y prêtait pas autant d’attention et n’y figurait même pas sur son agenda de promotion touristique. C’est le cas de Marrakech qui, en seulement quelques années, a caracolé au summum. La destination de la cité ocre est donc explosé car elle est passée de 18 000 à plus de environs une centaine de milliers de lits, soit presque 10% de croissance annuelle.

Une véritable prouesse quand on sait que pour le balnéaire, en deux décades de Plan Azur, on aurait prévu plus de 160 000 lits, 600 000 emplois et 80 milliards de dirhams. Soit 20% de contribution au PIB. Dans tout cela, les retombées sont décevantes et traduisent un cinglant gâchis national ! Le projet Plan Azur est pied de mur est nécessite un réel réquisitoire pour ses auteurs, depuis le lancement de la stratégie en 2001!

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