Le «Partygate» met Boris Johnson dans l’embarras

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

L’avenir politique de Boris Johnson ne tiendrait-il qu’à un fil ? C’est le moins que l’on puisse dire car, en dépit des excuses qu’il a présentées, la majorité parlementaire et l’opinion publique britannique sont vraiment en rogne contre lui. Ils reprochent à leur Premier ministre d’avoir failli à ses obligations en organisant, le 20 mai 2020, en plein confinement, un afterwork dans les jardins du siège de la Primature, au 10 Downing Street.

L’exaspération des britanniques, qui ne s’est pas arrêtée là,  a même redoublé d’intensité, ce jeudi, lorsque « The Telegraph » a fait état de la tenue d’un autre « rassemblement festif » au même endroit et ce, à la veille des funérailles du Prince Philip, l’époux de la Reine d’Angleterre, alors que le pays observait un deuil national.

Ces faits étant condamnables aux yeux de la population d’autant plus qu’ils mettent en exergue, selon certains témoins cités dans les médias, une « véritable culture de la boisson » au Downing Street, les excuses présentées par le dirigeant conservateur se sont révélées non seulement « insuffisantes » mais particulièrement « humiliantes ».

En se trouvant, ainsi, au-devant des pires complications politiques depuis son arrivée au pouvoir en Juillet 2019, le Premier ministre britannique fait l’objet des critiques les plus acerbes aussi bien de la part de ses rivaux politiques que de la part de ses partisans qui peinent à envisager une rapide sortie de crise.

De nombreux électeurs lui reprochant, en effet, d’avoir fait « honte à la démocratie » en brisant « ses propres règles », Boris Johnson  est, désormais, très affaibli dans les sondages. Il devra donc « batailler très dur » pour rester à la tête du gouvernement car plusieurs députés conservateurs, dont certains lui étaient, il y a très peu de temps encore, de fervents soutiens, se sont joints à l’opposition pour réclamer sa démission.

En outre, pour « enfoncer davantage le clou », le député conservateur Andrew Bridgen, dénonçant « un vide moral au cœur du gouvernement », a adressé une lettre de défiance à un puissant comité régissant l’organisation parlementaire du Parti conservateur qui, s’il venait à en recevoir d’autres, se verra obligé d’organiser un vote qui pourrait coûter sa place à Boris Johnson.

Mais, en attendant, les conclusions du rapport de Sue Gray concernant ce « partygate » qui devra, au plus tard à la fin du mois, établir si le Premier ministre a « enfreint les règles », le magazine conservateur, « The Spectator », estime, de son côté,  que Boris Johnson a de très fortes chances d’échapper à la destitution dès lors que plusieurs « précédents portent à croire que les fonctionnaires n’aiment pas, à juste titre, donner l’impression qu’ils poussent vers la sortie un Premier ministre en fonction ».

Rappelant, en outre, que « tout au long de sa carrière politique, Johnson a systématiquement fait mentir les pronostics » puisque « même quand il semblait acculé, il a toujours réussi à rebondir », l’hebdomadaire que dirigeait Boris Johnson au début des années 2000, a tenu à mettre l’accent sur la « capacité » de ce dernier « à réaliser l’impossible ».   

L’autre élément qui pourrait « sauver » Boris Johnson en cas d’exonération totale ou partielle dans ce « partygate »  a trait à sa faculté à remporter les élections de la mairie de Londres comme ce fut le cas en 2008, en 2012, en 2016 et en 2019 ; ce qui pourrait inciter les parlementaires conservateurs à surseoir au déclenchement d’un vote de défiance avant les élections de mai prochain.

Est-ce à dire que Boris Johnson va finir par quitter le 10, Downing Street la tête basse et la queue entre les jambes ou, au contraire, qu’il va rebondir comme il l’a toujours fait ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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