Farine subventionnée
Par Fairouz EL Mouden
Contrairement à ce qui a été annoncé dernièrement par le ministère de l’Economie et des finances concernant le maintien du prix du pain à base de farine de blé tendre à son niveau habituel fixé à 1,2 dirham l’unité (baguette ou pain rond), son tarif a subi une nette hausse pour se situer à 1,5 dirham l’unité depuis quelques semaines. Les prix des autres variétés de pain affichent la même tendance haussière dépassant les 50 centimes l’unité.
Le consommateur ne sait plus où donner de la tête. La hausse des prix de vente des produits alimentaires devient démesurer et prend une vitesse sans précédent, mettant à mal le pouvoir d’achat du citoyen. Les pressions inflationnistes s’intensifient et le manque de visibilité et des mesures protectionnistes renforcent les inquiétudes de tout un chacun face à une conjoncture déjà mise à nu par les effets du Covid et de la hausse des cours sur le marché international. Le prix du Brent a atteint son niveau le plus haut depuis plus d’une année, soit +100 dollars le baril.
Le marocain crie à la rescousse et annonce clairement sa grogne. Le pain fortement consommé par le consommateur marocain n’a pas été épargné par la vague de la hausse qui s’étend sur une large liste de produits alimentaires. Le comble cette fois-ci, c’est qu’il s’agit d’un pain dont la farine est subventionnée par l’Etat et ne devrait pas en principe subir de changement. Et pourtant un communiqué du ministère de l’Economie et des finances avait stipulé que « Dans le cadre de l’intérêt que porte le gouvernement à la protection du pouvoir d’achat des citoyens et dans le contexte de la hausse continue des prix des matières premières sur les marchés mondiaux, et comme affirmé précédemment, plusieurs mesures ont été prises pour limiter les effets de ces augmentations sur les prix de certains produits de consommation et de leurs dérivés sur le marché intérieur…Ces mesures, malgré leurs coûts sur le budget de l’État, consistent à continuer de subventionner les prix de la farine nationale de blé tendre, du sucre et du gaz butane, en plus de la suspension des taxes douanières sur l’importation du blé tendre, du blé dur et des légumineuses, fait savoir la même source.
Malgré ces mesures, les boulangeries et pâtisseries fixent librement les prix de vente indépendamment des subventions reçues. La baguette normale à base de farine de blé tendre coûte 1,50 dirham l’unité contre 1,20 dirhams il y’a quelques semaines. Sans parler du grammage qui devrait être respecté pour cette catégorie de pain. Le prix du pain semoule de taille petite a été revu à la hausse pour passer à 2 dirhams contre 1,50 auparavant. La même variété de taille plus grande revient à 3 dirhams l’unité.
Les opérateurs du secteur ont décidé de revoir à la hausse leurs prix de vente du pain même si leurs marges bénéficiaires sur les autres produits, notamment de la pâtisserie sont largement excessives et couvrent entièrement le renchérissement des prix de certaines matières sur le marché international.
Pour rappel, « le blé tendre, constitue environ 80% de la consommation nationale de l’ensemble des types de céréales dont une partie des besoins nationaux est couverte par l’importation. », indique le communiqué, qui ajoute également que le gouvernement, en plus de la suspension à compter du 1er novembre 2021, des taxes douanières qui s’élevaient à 135%, a accordé une indemnité forfaitaire sur les importations de ce produit de 83 dirhams/quintal importé durant la période allant de novembre 2021 à février 2022 ». Des mesures qui n’ont malheureusement pas permis de maintenir les prix de la farine de blé tendre à leurs niveaux actuels. Quid des contrôles des prix et de la régulation du marché, mission attribuée par excellence à l’Etat ?.