La confiance égarée

Saoudi El Amalki

À voir ce climat tendu et grincheux qui s’installe massivement dans le pays, par cette bourrasque de hausse des prix sans précédent, paralysant les aspects du coût de la vie, on a bien l’impression que le gouvernement souffle sur les braises de la fournaise au lieu d’en désamorcer les tensions. À aucun moment, il n’en a donné l’air de se dire que le petit peuple en avait assez et qu’il en aurait « honte » de son état sadique face aux tortures qu’il ne cesse de lui infliger sans pitié. A contrario, la primature lui « demande  d’implorer Dieu pour qu’il pleuve », avant d’aller se « dégourdir » les jambes dans les chapiteaux du Salon halieutique d’Agadir, alors que ses propos rogatoires seraient sans échos puisqu’ils ne sont pas « sincères ». Le Ciel n’exauce guère la fin d’une flambée dont on est responsable, pour demeurer dans le langage religieux du chef de l’Exécutif.

La scène politique nationale moisissait dans la léthargie tant que l’Exécutif ne portera pas un discours concret au sein d’un peuple si emporté par ses affres au quotidien. Qui entend parler du gouvernement, même s’il croit s’ingénier à bien faire ? Son action demeure atone et inaudible ! Il s’embourbe en revanche, dans l’auto-satisfaction démesurée sans relâche, confortée par son atout numérique des trois composantes. Cette apathie déroutante ne fait qu’affecter le climat politique du pays et fait sombrer dans l’expectative, les différents acteurs dont le rôle de médiation est quasiment renvoyé aux calendes grecques. Il a semblé que d’un côté, l’Exécutif pagayait à contre courant, en deçà de ce que le peuple attend de lui et, de l’autre, une flopée d’entités partisanes, se distingue par un discours réaliste et limpide en profit des populations démunies. Mais, ces voix demeurent sans nul effet effectif car la confiance s’asphyxie dans les dédales de la menterie. Cette situation ambiguë que la nation n’a jamais connue, même au temps des années de plomb, car au moins, le mouvement national tenait tête aux oppressions, sécrétait, au fil du temps, une déchirure déconcertante entre l’Etat et le peuple, en l’absence quasi-permanente des facteurs médiateurs. Bien au contraire, les forces de l’ordre, toutes catégories confondues, occupent cette place contre-nature, non sans abus, car le souci excessivement sécuritaire mène la lutte en matière d’étouffement des libertés d’expression et d’opinion. C’est immanquablement la résultante directe de la vacuité politique que l’on  s’efforce d’exercer dans une expérience résolument tournée vers la démocratie et les droits humains.

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