A l’heure où la pandémie mondiale menace de plus en plus et pousse près de la moitié de la planète au confinement comme seule parade au codiv-19, le Maroc doit encore faire preuve de plus d’anticipation qu’actuellement, pour, surtout, gérer une éventuelle crise sanitaire de plus grande ampleur.
Après l’approvisionnement, en quantité suffisante car il vaudra mieux faire preuve de prévention, surtout en médicaments, tests et respirateurs, c’est sur la préparation en ressources médicales qu’il faudra insister aujourd’hui, alors qu’il faudra nous mettre dans la pire des situations.
Car, des pays comme la France, l’Italie et l’Espagne, pour ne citer que ces pays à législation sociale latine qui privilégie une consistance infrastructure médicale publique, ont été secoués par de nombreux dysfonctionnements et manques, notamment en ressources humaines médicales. Et malgré le recours à une réserve sanitaire huilée, ils ont connu une forte pression sur les hôpitaux, malgré leurs grands moyens humains et leur grande expertise médicale et épidémiologique.
Au Maroc, notre système de santé est connu pour être le parent pauvre du pays, avec énormément de dysfonctionnements, d’insuffisance et de carences.
Hôpitaux : des ressources humaines limitées
Le ministre de la Santé avait annoncé l’arsenal sanitaire dont dispose le Maroc pour faire face au coronavirus. Au total près de 1900 lits de réanimation (dont 250 seront crées) des secteurs public, privé, militaire et de l’utilité publique, sont aménagés pour accueillir les malades. A côté d’un certain nombre de lits en soins intensifs.
Car avec un tel arsenal, nous aurons la capacité d’ atténuer la vague de contagion qu’un pic «modéré» pourra atteindre.
Les volontaires il faudra disposer d’un plan B pour mettre en place des structures locales dans chaque région afin de ne pas regorger les hôpitaux des grandes villes, notamment celles qui, aujourd’hui, comptent le plus d’infections.
Mais c’est surtout au niveau de ka gestion des ressources humaines que les préparatifs doivent être déjà avancés. Car le pays connait de grands déficits en matière de corps médical.
Et, il faudra savoir que le secteur public a, officiellement, un besoin d’au moins 12 000 médecins, sachant que le Budget 2020 prévoit la création de 4 000 médecins, infirmiers et administratifs. Sans parler des infrastructures hospitalières et des équipements médicaux qui restent très en deçà des besoins de la population, y compris les entités hospitalières les plus avancées dans les grandes villes.
Aussi, face aux interventions lourdes que le virus nécessite, notamment en ce qui concerne les personnes âgées et à risques, les lits de réanimation sont occupées pour une période allant jusqu’à deux semaines. Ce qui suppose, en cas de forts afflux, le problème des places se poserait. C’est donc en prévision de ces éventualités qu’il faudra songer, dès maintenant, aux possibles problèmes.
Relevons que l’OMS situe le seuil critique de la densité des médecins et des infirmiers pour 1 000 habitants à 2,5. Au Maroc, cette densité est, officiellement, de 1,65…!
Il s’agit d’un retard gigantesque que l’après coronavirus devra traiter de manière urgente et exceptionnelle.
Car, pour être à jour et à minima, le Maroc devrait, valeur fin 2019, avoir assuré le manque immense de 12 000 médecins et 50 000 infirmiers et techniciens.
Nous espérons que la pandémie n’arrivera pas nous envahir et que les «44 hôpitaux dédiés a la gestion du coronavirus et les 32 centres de consultation spécialisés» seront largement suffisants.
Recourir au renfort
C’est pourquoi, il faudra recourir au concours de volontaires des professions médicales, tous métiers confondus.
Et si la médecine militaire a été associée par SM le Roi à la défense du pays contre le mal du virus, nous pensons aux professionnels de santé exerçant dans le privé, à tous ceux qui sont à la retraite et qui peuvent prêter main forte dans le combat sans merci contre le virus.
Le Maroc a besoin d’eux tous. De tous ses médecins, infirmiers, psychologues, secrétaires médicaux, aides-soignants, agents hospitaliers non soignants (hommes de peine et femmes de charge), qu’ils aient exercé dans le public ou le privé. Le personnel de la santé animale peut être aussi mis à contribution.
Sans parler des étudiants internes des facultés de médecine et des élèves infirmiers dans les écoles de santé, publiques et privées.
Tous se doivent d’être mis en branle pour vaincre la maladie. Car, en cette cruciale conjoncture, l’apport de toutes ces compétences, chacune dans son domaine de prédilection, est vital afin d’assurer et d’augmenter l’offre de soins et de secours.
Ces forces peuvent apporter les premiers secours et soutenir les structures locales et les acteurs médicaux qui se trouvent en première ligne. Ils constituent une force qui permettra aux effectifs et équipes en place de souffler et de ne pas subir l’usure et de la pénibilité des lourdes interventions.
Sachant que les anciens retraités et ceux partis lors du départ volontaire pourraient bénéficier, dès à présent, de séances de formation et de remise à niveau éventuelle, pour accomplir convenablement la mission de renfort à laquelle ils seraient appelés.
Mohamed Khalil