Littoralisation prononcée

En d’autres termes, on assiste dans notre pays au même schéma qui a caractérisé le développement urbain sous d’autres cieux. Le morcellement des terres agricoles interagit avec d’autres facteurs socio-psychologiques et économiques pour favoriser la concentration de la population dans les zones urbaines et périurbaines.

 

Bien plus, les projections scientifiquement établies assurent que le processus de littoralisation, déjà entamé il y a plusieurs années de cela, a tendance à se renforcer. Ce qui se voit, à l’œil nu, au niveau des grands centres urbains et de leurs périphéries. La bataille autour du logement engagée aujourd’hui est symptomatique d’un tel postulat. Et lorsqu’on calcule le déficit engendré par une rurbanisation galopante, on mesure à peine les besoins exprimés en logements décents à édifier pour empêcher que les ceintures de misère qui enserrent les villes ne se développent dans l’anarchie habituelle. Une anarchie qui favorise l’éclosion de phénomènes sociaux pathologiques qui risquent de rendre les équilibres en termes de quiétude et de sécurité des plus fragiles. Souvenons-nous des épisodes sanglants du 16 mai qui ont mis sous les projecteurs l’émergence du phénomène de la violence aveugle, le terrorisme islamiste qui se nourrit, en marge du Grand Casablanca, capitale économique du Royaume, de l’exclusion sociale et de la misère culturelle.

Pour absorber les trop pleins actuels que les centres urbains sont dans l’incapacité d’offrir, si l’on excepte le pullulement des bidonvilles et autres formes de bâti anarchique, l’Etat se devait de réagir. En mettant en place une stratégie alternative dont l’impact reste encore difficilement assimilable. Stratégie qui repose sur l’édification de villes satellites susceptibles d’absorber une demande grandissante en logements. La première réalisation qui a émaillé cette stratégie n’est autre que la ville de Tamesna, près de Marrakech. Mais depuis, le succès de cette initiative aidant, d’autres réalisations ont été programmées pour alléger un tant soit peu la forte pression qui étouffe Rabat et Casablanca. Et il faudra s’attendre à ce que d’autres centres urbains voient le jour le long du littoral marocain. Et tout particulièrement au niveau de la zone Nord où l’activité économique est en train de révolutionner une aire géographique longtemps confinée au rôle de sphère de villégiature saisonnière.

La parade est donc toute trouvée. Encore faut-il que les décideurs prennent en compte les desiderata qui ne manqueront pas de s’exprimer de la part de la nouvelle population urbaine. Car l’essentiel serait d’empêcher que les villes satellites ne s’enlisent dans le rôle qui leur est dévolu sous la pression de l’urbanisation galopante du pays : des villes dortoirs. Ces nouveaux centres doivent intégrer, dans leur conception, la dimension culturelle de l’inclusion plutôt que celle de l’exclusion. Il s’agira donc de prendre le contre-pied des cités dortoirs qui n’en finissent pas d’alimenter la chronique française, à titre d’exemple. Car des villes sans âmes se transforment rapidement en zones de non droit et/ou en ruines. Le choix est donc clairement défini. A charge pour les aménageurs d’intégrer toutes les données dans leur logiciel. Tout en luttant, bien sûr, contre les dérives que la littoralisation induira immanquablement. A commencer par les travers de la spéculation… Cela sans oublier, bien sûr, les impacts induits sur l’environnement dans son ensemble. Durs chantiers en perspective…

 

 

 

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