Le ministère de la Santé dément les allégations relayées, récemment, dans des médias et les réseaux sociaux, concernant la rupture du stock et la pénurie de certains médicaments pour enfants dans les pharmacies et les hôpitaux.
Le ministère réfute les articles et commentaires publiés, ces derniers jours, par certains médias relatifs à la pénurie de certains médicaments et à la remise en cause de la faisabilité du traitement de certains médicaments, soulignant que les informations publiées à ce sujet comportent des données loin de toute vérité scientifique et technique, indique jeudi un communiqué du ministère.
Il a aussi relevé que la santé du citoyen est au-dessus de toute autre considération et que les «informations infondées» et les allégations publiées à cet égard portent atteinte au citoyen malade et affecte les établissements d’industrie pharmaceutique marocains qui contribuent fortement à la dynamique économique et au développement du Royaume dans ce domaine.
Le ministère précise, par ailleurs, qu’il s’agit d’injections utilisées uniquement dans les hôpitaux, notamment la Vancomycine et l’Amikacine, qui sont importées de l’étranger et se trouvent en situation de monopole, notant que la rupture de ces deux médicaments n’a duré que 10 jours mais qui sont actuellement disponibles dans les laboratoires et les sociétés de distribution de médicaments au Maroc.
Concernant les médicaments composés de la Dopamine et du Phénobarbital, le ministère a expliqué qu’il s’agit de médicaments également importés et qui sont actuellement en rupture à cause du monopole, faisant observer qu’en vue de pallier à ce déficit, le département a introduit la version générique de ces deux médicaments qui seront disponibles dans les prochaines semaines et à la portée des médecins et des usagers.
Le Maroc, à l’instar des autres pays, peut lui aussi faire face à une pénurie de certains médicaments dont la majorité est importée et monopolisée, précise-t-on de même source, notant que ce manque est dû à plusieurs facteurs, notamment au manque de matières premières pour l’industrie pharmaceutique et à la rupture du produit dans le pays producteur ou au problème de qualité au niveau de la production du médicament importé.
Le ministère note, en outre, l’absence de génériques de certains médicaments commercialisés au Maroc, ajoutant que les établissements industriels locaux sont obligés de respecter le stock provisoire des médicaments, conformément au décret 02.263 en date du 12/06/2002 pour la gestion de la période de rupture jusqu’au règlement de la situation.
Il explique aussi que la pénurie de certains médicaments est courante dans le monde entier, y compris dans les pays développés, citant la France qui a connu une pénurie de plus de 400 médicaments essentiels et vitaux et plus de 200.000 réclamations de pharmacies en la matière en 2016.
Pour pallier à la rupture ou au manque de certains médicaments, le ministère a entrepris plusieurs mesures visant à encourager le dépôt de médicaments génériques et à assurer un contrôle continu du stock mensuel par l’Observatoire national de contrôle des médicaments, entre autres, relève le communiqué.
Dans le cadre de sa politique nationale du médicament, le ministère tend à encourager l’industrie pharmaceutique locale, à mettre à disposition des médicaments d’une grande qualité à des prix raisonnables et à réduire les importations des médicaments de l’étranger, relève la même source qui précise que ces mesures permettront au Maroc de produire près de 65% de ses besoins en médicaments.
Le ministère a assuré qu’il place toujours le patient au cœur de ses préoccupations, loin de toute forme de surenchère et des contrevérités pouvant avoir un impact négatif sur le citoyen et sa santé.
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El Ouardi : »Le manque de moyens matériels, financiers et humains parmi les contraintes entravant le RAMED»
Le manque en matière d’infrastructures et d’équipements médicaux, de financement et de ressources humaines figure parmi les contraintes limitant l’efficacité du RAMED, a affirmé, jeudi à Rabat, le ministre de la Santé, M. El Houcine El Ouardi.
Lors d’une réunion tenue par la Commission des secteurs sociaux à la Chambre des représentants, sur «Le manque des ressources humaines dans le secteur de la santé et l’évaluation de la situation actuelle du RAMED», M. El Ouardi a souligné que plusieurs régions, notamment les zones enclavées, connaissent un manque en services de santé, vu l’insuffisance et la mauvaise répartition des cadres médicaux et paramédicaux et des dispensaires.
Il a, dans ce sens, noté que le manque enregistré au niveau des ressources humaines constitue l’une des entraves majeures limitant l’efficacité du système de la santé au Maroc, rappelant que le Royaume compte en moyenne 1,5 professionnel de santé pour 1.000 habitants, alors que l’Organisation mondiale de la santé recommande 4,5 professionnels/1.000 habitants.
M. El Ouardi a, par ailleurs, indiqué que 52% des médecins sont répartis entre les villes de Rabat, Casablanca, El Jadida et Kénitra, tandis que le nombre d’infirmiers concentrés dans ces villes représente 32% , soulignant que bon nombre de cadres médicaux préfèrent le secteur privé, vu son attractivité.
De même, les subventions réservées au RAMED restent insuffisantes et ne répondent pas au nombre très élevé des bénéficiaires (environ 11,5 millions), a regretté M. El Ouardi, sachant que les premières prévisions ne tablaient que sur 8,5 millions bénéficiaires.
Dans ce cadre, M. El Ouardi a indiqué que les dysfonctionnements relatifs à la gestion et à la gouvernance sont liés, notamment, au cumul des prestations de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et du RAMED et à la détention de plus d’une carte RAMED par un même bénéficiaire, faisant savoir que le ministère œuvre pour pallier à cette situation, en mettant en place un système informatique intégré et décentralisé, en coopération avec le ministère de l’intérieur et l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM), et en créant une instance régulatrice indépendante du RAMED, sous contrôle public.
Il a, également, mis l’accent sur les efforts continus déployés par le gouvernement pour faire face à ces contraintes, notamment à travers l’augmentation des postes budgétaires consacrés au ministère de la Santé, la signature d’accords de partenariats avec le secteur privé et la mise en place d’un système de formation, destiné particulièrement au profit des infirmiers.
Malgré les dysfonctionnements enregistrés, le RAMED a contribué à l’augmentation du panier de soins, que ce soit dans son volet relatif au service de prévention ou de traitement, y compris la prise en charge du cancer et des opérations de transplantation du cœur et du foie, s’est-il félicité.
Les différentes interventions des membres de la Commission parlementaire ont déploré le manque de personnel médical (médecins, infirmiers) et les carences de la gouvernance et de la gestion du secteur, soulignant que la mise à niveau du RAMED est un projet sociétal, qui passe essentiellement à travers l’instauration d’une gouvernance efficace, un financement suffisant et une diversification du panier de soins, d’où la nécessité, selon eux, de la contribution du fonds de la cohésion sociale et des collectivités territoriales.
(MAP)