Minoritaire dans la représentation, majoritaire dans les esprits.

Sont dans le tort de le faire, ceux et celles qui, de temps à autre, crient à la fin de la gauche au Royaume du Maroc, suite à tels résultats lors d’échéances électorales ou en déblatérant sur la situation organisationnelle de tel ou tel parti de cette mouvance politique ou seulement pour donner une contenance à leur existence vaporeuse.

Dans le tort, car ils croient que leur sentence va régir le champ politique national et qu’ainsi ils feront œuvre d’une compétence analytique à même de les faire valoir dans l’espace virtuel dans lequel ils se débattent. Ils se trompent eux-mêmes tout d’abord avant de vouloir suborner les autres en devenant des boites à écho sans aucune consistance. 

Car, pour que cette déclaration de charlatan soit valable, il faudrait que la nécessité de la gauche dans notre beau pays ne soit pas une exigence historique.

Or, dans le contexte néolibéral qui caractérise l’action gouvernementale actuelle, les inégalités sociales et les disparités spatiales se creusent, la marchandisation de toute activité intensifie les contradictions sociales et de nombreux coups de boutoir sont menés, d’une manière ou d’une autre, pour affaiblir l’Etat dans son rôle régulateur et social. Il s’ensuit une augmentation de la précarité et de l’exclusion qui donneront aux défavorisés et aux démunis une présence encore plus grande.

Cette masse populaire et ses revendications légitimes pour une vie digne constituent l’assise existentielle de la gauche. Celles et ceux parmi les plus faibles, les plus fragiles, les laissés-pour-compte du néolibéralisme trouveront les moyens organisationnels les plus adéquats pour faire vivre la gauche et faire triompher ses valeurs ; alors que les velléités de la voir disparaitre seront encore, comme toujours, déçues.

Les dysfonctionnements issus des contradictions et des conservatismes lui permettront de proposer l’alternative, pour une société moderne, plus juste, équitable et veillant à la protection de son environnement ; une société où le progrès, l’égalité et l’émancipation de l’Homme sont au cœur de son projet.

Il se peut que la frénésie issue des résultats des dernières élections conduit certains à aller trop vite en besogne, en exprimant les vœux de leurs maîtres, pour enterrer les partis politique se réclamant de la gauche dans le champ politique national. Ceux-là se fourvoient lourdement, font preuve d’une méconnaissance de la réalité de la société marocaine et bottent en touche sur l’impact des résultats des dernières élections sur l’avenir de la gauche marocaine.

Au fait ; ils cherchent, par cette mystification, à éluder l’incapacité de l’exécutif actuel à répondre aux attentes légitimes de la population qui souffre des conséquences de la pandémie et de la dégradation de son pouvoir d’achat et des services sociaux qui lui sont nécessaires.

Malgré ses divergences, ses divisions et son éparpillement, la gauche marocaine a l’opportunité de préparer l’alternance par une alternative nationale démocratique et progressiste. Son héritage confirme son rôle dans les réalisations du Maroc d’aujourd’hui comme il garantit sa réussite dans celui de demain. La gauche a toujours été présente pour assumer son devoir.  Dans la lutte de libération contre le protectorat, à travers les premiers pas du Maroc indépendant et ses réalisations souveraines, par sa résistance à la répression et à la déviation, dans sa lutte contre la dépravation, l’ajustement structurel et les orientations socioéconomiques non populaires, par l’expression de sa foi dans la suprématie de l’intérêt national sur tout autre, par sa mobilisation infaillible pour l’intégrité territoriale et son engagement pour la réussite et la consolidation du processus démocratique, la gauche marocaine a marqué l’histoire récente du royaume.

L’intelligence des femmes et des hommes qui la constituent lui permettra de dépasser ses errements hégémoniques, nombrilistes et égocentriques pour répondre aux défis imposés à la Nation par un voisinage qui sombre dans la folie guerrière de ses gouvernants à bout de souffle. La gauche marocaine est essentielle dans la consolidation du front intérieur sur lequel buteront tous les ennemis et adversaires du Maroc moderne, prospère, stable et démocratique.

A la gauche marocaine, dans sa pluralité, de répondre au défi existentiel que ses adversaires de classe lui font subir en clamant haut et fort son identité, sa vision politique et en assainissant son organisation. Car, minoritaire dans la configuration du champ politique actuel, la gauche marocaine est majoritaire dans les esprits.

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